“ Just because we can't be together doesn't mean I won't love you”

Noam est née un soir d’automne à la base de Redstone, après plusieurs heures de travail épuisante. Sa mère la serra dans ses bras avec des larmes de joie et de soulagement. Le tableau semblait parfais, débordant d’amour. Pourtant, sur cette belle photo, il manque une personne : le père. Toujours absent et jamais là, il avait déjà loupé le premier hurlement de son fils, il n’était toujours pas la pour celui de sa fille. Le vie de militaire vous entraîne loin de votre famille, vous sépare de vos proches. La vie de militaire n’a rien d’heureux…

Pourtant, malgré l’absence continuelle de son père, Noam eu une enfance heureuse. Sa mère la couvait d’un amour sans faille, sans doute pour combler un manque qui en réalité n’existait pas. Tout comme son frère aîné, Noam s’était très bien habituée à la situation. Les enfants de militaires grandissent avec cette vie, cette habitude. Pour eux, c’est normal. Elle était profondément heureuse, toujours à rire, à courir partout, à faire des grimaces, à danser… elle était comme un feu follet plein de vie. Ce n’était pas une élèves très travailleuse, mais tout le monde lui pardonnait parce qu’elle faisait quand même le nécessaire pour avoir la moyenne. Alors personne ne songeait à lui refuser de passer tous ses après midi d’été à jouer au grand air avec son frère aîné. Pierre était raisonnable, il savait prendre soin d’elle et tout le monde lui faisait confiance.

Sa vie s’écoula, comme un long fleuve qui ne rencontre pas d’obstacle. Elle avait des amis, quelques amoureux… une existence toute rose. Son frère s’engagea dans l’armée dès qu’il eu l’age nécessaire mais personne ne s’en étonna. Tout le monde le pensait fait pour cette vie.

Quelques années plus tard, lorsque Noam annonça elle aussi sa volonté de s’engager, la nouvelle fut plus dure à accepter pour sa mère. L’armée lui avait pris son mari qui n’était jamais là, elle avait envoyé son fils dans un pays en guerre, et maintenant elle lui volait sa fille. Elle aurait tellement voulu que Noam choisisse une autre vie, qu’elle devienne infirmière, architecte ou coiffeuse. Le métier lui importait peu tant qu’elle ne partait pas elle aussi à l’autre bout du monde. Mais Noam est une vraie tête de mule et sa décision était prise depuis bien longtemps, peut-être même depuis toujours. Elle voulait être une héroïne… elle voulait être quelqu’un de bien.

Lors de ses premiers tests, elle montra une adresse extraordinaire au tir et au pilotage et les généraux choisirent de lui faire suivre une formation sur la base avant de l’envoyé en mission. Sa mère pensa que peut-être ce temps d’essais la ferait changer d’avis…

Mais jamais Noam n’eu de telles pensées, même lorsqu’elle rencontra Bonnie. Comment décrire leur amitier, puis leur amour ? C’était comme si tout était simple entre elle, comme si rien ne pouvait jamais venir troubler cette communications entres elles. Elles riaient fort, parlaient vite, vivaient tout sans exception… à 17 ans, il n’était pas si facile de s’affirmer en tant que gay. Se promener main dans la main et supporter le regard des autres étaient une épreuve pour beaucoup mais Noam s’en fichait. L’avis des autres l’avait toujours laissé indifférente. Elles partageaient tout et ni l’une ni l’autre n’avait pensé que ce bonheur puisse s’arrêter un jour. Noam hurlait son amour à la face du monde, comme pour montrer que deux filles pouvaient former le couple le plus heureux du monde. Chez elle, cette idée ne fut pas simple à accepter, surtout pour son père. Quand il rentra, après une longue année d’absence, il retrouva sa fille main dans la main avec une autre fille. Il la voulait heureuse mais il aurait préféré que ça soit avec un homme. Mais Noam se fichait de son avis et pour la première fois, elle lui fit des reproches. Son absence, ses idéaux, ces cadeaux pour cacher qu’il ne savait pas qui elle était… elle était prête à tout pour cette fille qu’elle embrassait avec plus d’amour qu’elle n’avait embrassé aucun garçon. Elles allaient être heureuses. Ensemble. C’était comme une évidence qu’aucun de leurs amis n’osaient mettre en doute. Pourtant, tout changea.

C’était un matin. Noam s’éveillait doucement dans sa chambre baignée de soleil. Comment leur apprit-on la nouvelle ? Elle ne sait plus. Tout se mélange dans un brouillard terrible. Ce jour comme ceux qui ont suivis sont flous dans sa mémoire. Il y avait cette homme devant la porte, il y avait les larmes de sa mère, il y avait ses cris de douleurs. Pierre avait disparu. Personne ne savait comment c’était arrivé. Il n’était jamais rentré à sa base. Etait-il mort ? Non, non ! Il fallait garder espoir ! Les rebels l’avaient juste pris en otage ! Juste… Noam savait si bien le sort qui était souvent réservée aux otages… elle pris soudain conscience de la guerre. La vraie guerre. Celle qu’elle allait vivre et qui déchire des familles. Elle comprit la douleur de perdre un être cher et la futilité de la vie au combat. Elle était si facile à perdre… elle aurait sans doute du appelé Bonnie, parce qu’avant d’être sa petite amie, c’était sa meilleure amie. Elle aurait pu la soutenir, l’aider à se relever.

Mais Noam n’en fit rien. Déjà, à l’époque, elle avait du mal à parler de ses sentiments et elle ne trouvait pas les mots pour exprimer ce qu’elle ressentait. Mais le vrai problème n’était pas là. Elle avait tout à coup pris conscience qu’un jour, elle aussi risquait de disparaître et de mourir. Sans crier gare. Elle avait pris conscience de cette déchirure horrible que ressentaient ceux qui restent. Et pour rien au monde elle ne voulait l’infliger à Bonnie. Elle l’aimait trop pour lui faire ça. Alors elle prit la décision de mettre fin à tout ça. Maintenant. Bonnie souffrirait et elle passerait pour une vraie salope. Mais d’ici quelques mois, elle l’aurait oublié. Ça lui poignardait le cœur, ça la blessait encore plus qu’elle ne l’était déjà. Mais un peu plus un peu moins… son cœur était déjà en lambeau. Alors elle écrivit ces quelques mots, ces excuses qui n’en étaient pas. Ma main tremblait terriblement et une larme tomba sur le papier. Je m’en maudis. Il fallait que cette séparation ait l’air vrai. Il me suffirait de l’éviter pendant quelques semaines, mon départ était de toute façon pour bientôt.

Les jours suivant furent durs. Invivable. Noam pensa devenir folle. Sa mère ne comprenait pas sa décision, ses amis non plus. Personne ne comprenait. Tout le monde essaya de la faire changer d’avis. Mais elle tient bon.

Son départ fut un soulagement. Personne ne pouvait comprendre ce bonheur étrange qu’elle avait de quitter cet endroit où tout lui rappelait la femme qu’elle avait aimé. Qu’elle aimait toujours…

A l’armée, sa vie repris. Elle travaillait plus que les autres, elle montrait plus de volonté que les autres. Mais elle semblait s’être perdue en route. Elle ne riait plus, elle ne courrait plus… elle avait perdu cette petite étincelle qui faisait d’elle quelqu’un de fantastique.

Les jours se suivaient et se ressemblaient, les nuits sans étoiles étaient un voile qui couvrait sa tristesse. Mais elle ne la montrait pas. Il était hors de question que quelqu’un voit la vérité de son cœur. Alors elle avait des petites histoires sans lendemain pour faire croire à tous qu’elle était une fille comme les autres mais aucun de ces hommes n’arrivaient à toucher son cœur.

Que dire de plus sur ces années au combat ? Il n’y a rien a raconté. Les horreur de la guerre, si souvent évoquées, étaient indifférentes à Noam. Mais qu’est la guerre aujourd’hui ? Ce n’est plus cette activité noble comme elle l’était au moyen âge. Mais ce n’était pas non plus cette boucherie terrible ou les corps tombent par centaines comme durant la seconde guerre mondiale. Tout se passait de loin et les missions de Noam se réduisaient souvent à survoler des zones à bords de son avions de chasse ou à patrouiller au sol. Et la vie aurait pu continuer longtemps ainsi si il n’y avait pas eu cet après midi. Noam était dans une voiture de patrouille, elle faisait une ronde. Il ne se passait rien. Jusqu’à l’explosion. Le chemin était piégé et deux des quatre passagers furent tuer sur le coup. Quand aux deux autres… Noam passa plusieurs jours dans le coma et fut ramenée à la base de redstone dans un état critique.

Voilà à présent plus d’un mois qu’elle est revenue. Ses fractures se sont en grande majorité ressoudées. Pourtant, sa route n’est pas finie. Maintenant, il lui faut réapprendre à se servir de ses muscles. Il lui faudra du temps et de la patience. Ainsi que beaucoup de courage pour supporter de vivre chaque jour dans cette base ou chaque recoin lui rappelle son premier amour… et si elle la revoyait ? que se passerait-il ?