“ So, this is my life. And I want you to know that I am both happy and sad and I'm still trying to figure out how that could be. ”

Il était le garçon tout seul à la table de la cantine, qui ne parlait jamais. Il faut dire qu’on ne lui demandait pas souvent son avis. Il lisait parfois des livres, des poèmes, ou d’autres stupidités. Il avait été quelque peu prit en pitié par ses camarades avant de sombrer peu à peu dans l’oubli, de devenir invisible aux yeux de tous ; Présent et absent à la fois – Le paradoxe de l’existence. Une mère morte, c’était quelque chose, pour sûr, mais aucune des tentatives de rapprochement de ses camarades de classe n’avaient réussi à percer la couche d’indifférence apparente de l’adolescent. Pas qu’il ne voulait pas – et Dieu sait s’il en crevait d’envie – se mêler à la foule, mais qu’il ne pouvait pas, ne pouvait plus. Il y avait quelque chose de définitivement brisé en lui, le pilier du château de cartes, la charpente de la maison, la colonne vertébrale de tout être vivant fait de chair et d’os. Il se sentait zombie, ne vivant qu’à travers des histoires et des textes qui le menaient doucement – mais sûrement - à une mélancolie précoce, formée sur le chagrin des autres, savamment mélangé à l’absence de figure maternelle dans sa vie. Pauvre Kody. Que voulait-il, après tout ? Une simple caresse dans les cheveux, un mot gentil, des encouragements.

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2010.

Il faisait nuit noire, et, la gorge nouée par sa cravate, Kody quittait la salle de réception du lycée. Il y avait eu cette fameuse « soirée d’intégration » dont tout le monde parlait, mais il n’avait pas trouvé grand-chose à y faire. Beaucoup avaient insistés pour qu’il vienne, mais au final ce n’était que pure perte de temps. Il avait bu un peu de ponch, répondu à quelques conversations maladroites, avant de s’éclipser aussitôt. Il déglutit, et marchait droit devant lui, le cœur serré. Sa vie d’avant lui manquait plus que jamais.

- Eh, Sinclair !

Kody se retourna, arquant un sourcil, cherchant dans l’obscurité la voix qui l’avait interpellé. Il se doutait bien que c’était quelqu’un qu’il connaissait, mais il n’y avait que les seniors du lycée pour appeler les gens par leur noms de famille. Une main se posa sur son épaule, derrière lui, le faisant tressauter.

- Haha, relaxes-toi, garçon, je ne vais pas te manger.

Mais la phrase, hors de son contexte, ne le rassura pas tant que ça et il se contenta d’avaler sa salive et d’observer les traits du garçon en face de lui. Les cheveux mi-longs sombres, il le reconnut comme étant un des rédacteurs en chef du journal du lycée. Il en était à sa dernière année d’études et avait sans doute la réputation d’être à la fois le plus haï et le plus aimé de tous les étudiants. Il inclina la tête, attendit une réponse de Kody qui ne vint pas, trop perplexe, et soupira, sourire aux dents.

- Bon et bien je vais faire la partie où on parle. Je m'appelle Ray, Ray Dale. J'ai entendu parler de toi. Ça te dirait de faire quelque chose de génial avec des personnes tout aussi géniales ?

[...]

“ citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation citation ”

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