Je me souviens de ce jour funeste. Ce jour qui aurait dû être un jour de fête. On était en Huntsville, au Texas, chez ma Grand-Mère, nous attendions avec impatience le retour de mon père. Mes frères étaient revenus de leur mission, mes trois grands abrutis de frères militaires. J’étais la seule nana non militaire … en fait, ouais j’étais même la seule nana de cette branche à ne pas l’être, de la branche de mon père. Maman était une infirmière militaire, oui bon pas vraiment militaire, mais infirmière quand même, elle est décédée d’un cancer. Bref, ce jour-là aurait dû être un jour de fête. Fête de quartier, grand-mère avait préféré ses muffins, ses gâteaux, sa bonne bouffe, je l’avais aidé avec mon tablier du boulot, nous étions toutes les deux dans la cuisine, dégageant mes frères à lancée de farine ou de boulette de pâtes pas cuites, parce que ma grand-mère et sommes des folles au fourneau. Ça aurait dû être un jour de fête, avec les gosses qui courent partout. Au lieu de ça, on a sonné à la porte, Grayson, mon frère aîné, a ouvert la porte et devant lui, se tenait un officier. Je suis arrivée, pensant qu’il s’agissait d’un invité, j’avais un plat dans les mains et lorsque j’ai compris que non, ce n’était pas un invité, j’ai lâché le plat qui s’est écrasé au sol. Papa. Gray s’est avancé vers moi. Je me souviens avoir reculé. Il m’a pris dans ses bras. Je me suis débattue. Il m’a tenu très fort et m’a porté. L’officier s’avança vers nous pour nous donner le drapeau de notre pays. Je n’arrivais pas à y croire. Mon papa. Mon si précieux papa a été tué. Pour moi, il était immortel, oui c’est des pensées d’enfant, mais voilà, c’est mon père. Enfin, c’était. Tué sur le champ de bataille, sauvant un jeune, se donnant la vie en héro. Ma grand-mère n'a pas supporté la mort de son fils, elle qui a dû encaisser la mort de mon grand-père. Elle est tombée malade juste après la mort de mon père, avant de succomber elle aussi.

Quelques temps plus tard, mes frères sont partis en missions et je suis retournée à mes occupations. Mon père. Ma grand-mère. Grayson est désormais le patriarche de notre famille, mais ce n’est pas forcément ce qu’il aurait préféré.

Je suis née chez les Cooper, une famille heureuse. Mon père avait deux frères et je m’entendais très bien avec mes cousins et cousines, comme Ivy quand on se voyait, lors de réunion de famille. Il n'y avait qu'avec Benjamin, que je n'ai pas eu d'affinités, on se voyait très rarement voire pas du tout. Pour ma part, j’ai toujours vécu entourée de mes trois frères : Grayson (Gray), Samuel (Sam) et Donnovan (Donny ou Danny). Ils étaient adorables, enfin sauf quand ils jouent le rôle des trois grands frères protecteur. C’est d’ailleurs grâce à eux que je suis devenue une camionneuse sur patte. Ma vie n’a jamais été si extraordinaire. J’ai toujours été considérée comme étant la jeune sœur Cooper qu’on ne devait pas toucher ou tomber amoureux et celle qu’on ne devait pas emmerder. J’avais aussi cette manie de rendre mes frères un peu dingue lorsque je décidais de partir voir ma grand-mère sans leur dire un seul mot. Seule ma mère savait où j’allais et elle avait la fâcheuse manie de les énerver. Quant à moi, j’étais prédestinée à faire la cuisine auprès de ma grand-mère, me développant une passion. Je me suis toujours dite que plus tard, j’allais ouvrir un restaurant et être la pâtissière la plus enviée. Mes frères allaient partir à l’armée et passer les grades.

Et puis vous savez, il arrive que lorsqu’on est dans un groupe de pote, on rencontrer des gens et c’est ce qu’il s’est passé avec Murphy. Mon ancien petit ami. J’étais bien avec ce con. Nous étions bien ensemble, nous nous sommes jusqu’à nous fiancer, acheter un appartement ensemble. Tout était parfait, j’avais même ouvert un coffee shop. J’ai rencontré Murphy à 19 ans, nous sommes sortis ensemble 2 ans plus tard pour se fiancer 3 ans plus tard. Nous aurions dû vivre une histoire d’amour des plus magiques. C’est lui qui m’a aidé après la mort de ma mère, décédée d’un cancer quand j’avais 22 ans. Lui qui m’a soutenu pour que j’ouvre mon coffee shop, c’était il y a un an. Depuis, il tourne bien, tout se passe bien. Mais je l’ai quitté et j’ai presque tout perdu. J’ai presque perdu mon coffee shop, j’ai presque perdu la vie. J’ai surpris un jour Murphy, j’étais rentrée plus tôt que prévu à l’appart’ et il parlait de moi au téléphone avec une nana. Disant qu’il l’aimait, qu’il n’était avec moi que pour le fric et qu’il comptait me pouiller pour vivre avec elle. Tordu n’est-ce pas ? Je suis arrivée choquée, il a de suite raccroché, disant qu’il pouvait m’expliquer, je lui ai demandé de sortir. Nous nous sommes disputés ce jour-là, c’était très violent. J’ai hurlé, j’ai pleuré, nous nous sommes battus. Il m’a chopé au coup, m’a collé contre un mur et cogné. Je me suis affalée sur le sol. J’ai cru que j’étais morte, mais j’ai réussi à me relever avec difficultés. Mon portable a sonné, il était au sol, je ne sais plus pourquoi il était là, j’ai réussi à le prendre. Grayson au bout du fil. Mais avant que j’ai eu le temps de dire quoi que ce soit, j’ai entendu un bruit, j’ai eu le temps de me retourner et Murphy avait un couteau, il m’a planté. Je me souviens encore de la voix de mon frère, lui qui voulait m’annoncer son retour pour la fête d’anniversaire de grand-mère. Je me suis effondrée au sol.

A mon réveil, mes frères étaient là. J’étais tombée dans un coma de trois semaines. Après m’être rétablie, des inspecteurs sont venus me voir. J’ai finalement gagné le procès contre Murphy, il avait tout fait pour que je sois la méchante dans l’histoire. Hors les preuves étaient contre lui. Aujourd’hui, j’ai récupéré mon coffee shop, mais j’ai perdu mon père et ma grand-mère, ainsi qu’en l’espoir d’un amour sincère.