Andrew n'avait jamais été très fan des bals. Il devait porter des smokings, ce qui le rendait un peu mal à l'aise. Bien sûr, comme chaque jeune qui en met, il se sentait soudainement homme, viril et tout ça. 'Fin la classe quoi. Mais il ne trouvait pas ça aussi confortable qu'un bon vieux jean t-shirt.

La soirée se passait plutôt bien, il était venu parce qu'il s'était dit qu'il aurait ainsi des boissons gratuites. Il était resté un moment avec son frère avant de partir à la recherche de jolies jeunes femmes. Il n'était pas du genre à faire ami-ami avec des militaires. Nan, vraiment, très peu pour lui.

Mais bien évidemment, la soirée ne pouvait pas bien finir. Pff ces militaires... La première réaction d'Andrew lorsqu'il entendit le coup de feu fut de s'accroupir, mains sur la tête. Des coups de feu, il en avait déjà entendu pas mal, mais ici, en plein bal, c'était un peu comme une surprise. Il releva tout doucement la tête afin de regarder autour de lui, préférant se relever avant que tout le monde ne parte en courant en le piétinant et voulant vérifier que personne n'avait besoin d'aide.

Un bal avec les tous les soldats réunis, ainsi que des civils. Elle ne pouvait rêver de mieux pour essayer de se repérer dans ce monde de dingue. Pearl avait passé toute son après-midi à chercher la robe qui sera parfaite pour cette soirée où, qui sait, des morceaux de sa vie passée pourrait lui revenir. Elle trouvait sa robe magnifique. Rouge, bustier et lui arrivant un peu au-dessus des genoux. Elle ne savait pas vraiment si elle était habituée à marcher avec des talons, mais ça n'avait aucune importance, elle devait en mettre ce soir. Un bal, c'est un bal et elle devait être parfaite. Une fois qu'elle fut prête, elle se dépêcha de sortir de ses quartiers pour rejoindre la salle louée par la base.

L'ambiance était présente, tout comme les invités. La jeune femme ne savait pas trop où donner de la tête, vers qui se diriger. Et si cette personne près de la fenêtre était en réalité une personne exécrable qu'elle ne pouvait pas voir en peinture auparavant ? C'était une des choses que Pearl craignait le plus désormais, de se retrouver dans une situation embarrassante à cause de son amnésie. La base avait déjà été clémente en l'autorisant à rester pour réapprendre, mais si elle faisait boulettes sur boulettes, la situation risquait de changer. Pearl décida donc d'attendre que ce soit les gens qui viennent vers elle, et non pas l'inverse. Elle s'installa près d'une table où se trouvaient les snacks et attendit là, son verre à la main, jusqu'au coup de feu. Le bruit retentit dans toute la salle puis fut suivit de nombreux cris de personnes affolées. Sous le choc, elle baissa la tête au sol et remarqua qu'elle avait laissé son verre tomber sous la surprise. Elle releva la tête et vu le tireur. Elle était incapable de bouger, elle n'y arrivait pas. Elle restait là, debout, à le regarder.

Arizona s’était levée le sourire aux lèvres. Elle savait qu’elle allait passer une bonne journée à prendre soin d’elle en vue du bal que donnait la base pour familiariser un peu avec les civils et, mettre à l’honneur les valeureux soldats. Elle était toute excitée à l’idée de s’y rendre. Après tout, c’était l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes et, de passer une bonne soirée en compagnie d’une coupe de champagne et de bonne musique. C’était déjà mieux que ses autres soirées qu’elle passait à dessiner ou à regarder la télé, une bière en main. Et puis, elle espérait secrètement y trouver un certain jeune homme qui ne cessait de hanter ses pensées, dernièrement. Cette raison pour motivation, la jolie blonde se mit sur son trente-et-un, sortant sa plus belle robe de son placard et, se hissant sur de hauts talons couleur chair. Passant devant un miroir, elle s’arrêta, se contemplant quelques instants. Elle était très à l’aise avec sa féminité, même si on était loin de sa blouse de travail. Arizona savait qu’avec une telle robe, elle ne passerait pas inaperçue. Et c’était le but. Cependant, elle savait faire preuve de grâce et de délicatesse et, ne jamais dépasser les limites de la vulgarité. Une fois prête, elle prit son petit sac à main et se mit en route. Sur le route, elle vit Redstone s’effacer peu à peu dans le paysage tandis que Huntsville se dessinait nettement sous ses yeux émeraudes, conquis par la perspective que cela représentait.

La belle infirmière était présente depuis plusieurs bonnes minutes déjà. La fête battait son plein et, tout le monde semblait s’amuser, ce qui ne pouvait que la ravir. N’ayant pas vu celui qu’elle attendait, la déception la poussa à se rendre aux toilettes histoire de faire le point avec elle-même. Elle se sentait ridicule d’agir ainsi. Etre à la merci d’un homme c’était… très peu pour elle. Très vite, un bruit assourdissant vint la sortir de ses pensées. Oh non… Des images de la guerre lui revinrent en mémoire. Cela ne pouvait être vrai… n’est-ce pas ? Elle se rapprocha de la porte pour entendre ce qu’il se passait dans la salle à côté. Elle entendit un homme, débiter un discours sur les méfaits de la guerre et de l’armée. Un discours moralisateur qui condamnait toutes les personnes présentes ce soir-là. Elle comprit qu’il se tramait quelque chose. Aussitôt, elle prit son téléphone et composa le numéro de la police. « Allô.. » murmura-t-elle. « Je me trouve à la salle des fêtes de Huntsville et, un coup vient de partir. Je suis cachée mais, il y a un tireur dans la salle… Venez vite ! » Elle raccrocha. Sa main tremblait. Assez pour en faire tomber son portable. L’homme fit appeler son complice pour voir ce qu’il se tramait. Il ouvrit la porte, se saisit d’Arizona et la balança violemment sur le sol, en plein milieu de la salle. « Regarde ce que j’ai trouvé. » Dit-il à son complice, pointant son arme sur la jeune femme.

Spoiler:

Addison n'était pas trop fan de ce genre de soirée. En fait, à partir du moment où il fallait porter une robe et des talons, elle n'avait plus trop envie de venir. La jeune soldate était venue avec Lexie mais elle tenait ses distances. Elles étaient aux yeux des autres deux amies très proches. Excepté pour ceux qui savaient. La soirée avait bien commencé. Jusqu'au coup de feu. Chaque militaire connait ce bruit. On sait tous ce qu'il signifie. Ce n'était pas le début d'une course. Ou alors si, mais un autre type de course. Celle où vous avez intérêt à vous magner si vous voulez rester en vie. Son premier réflexe avait été de protéger Lexie avant de regarder autour d'elle. Au loin, elle voyait Jaymie qui venait en aide à quelqu'un. Mais il y avait Walcott qui restait debout. Retirant rapidement ses talons tout en ordonnant à Lexie de rester à terre, Addison se dirigea vers Pearl qui n'était pas très loin pour la ramener à la raison, il fallait absolument qu'elle se mette à terre, qui sait de quoi le tireur était capable ? Ou même pourquoi il était là ? Recherchait-il une personne en particulier ou juste à s'amuser en butant tout le monde ? Pearl était mieux gradée qu'elle mais elle ne comptait pas lui donner d'ordre, juste l'aider. Elle posa ses deux mains sur ses épaules mais ce fut à ce moment qu'un homme pénétra dans la salle en poussant une femme à terre. Il ne fallut pas longtemps à Addison pour reconnaitre Arizona. Elle resta un très court instant elle aussi debout à fixer la scène. Oh nan nan nan, pas Arizona. Instinctivement, la soldate chercha son arme mais à part ses chaussures à talons, elle ne pouvait pas leur lancer grand chose. Et puis il fallait être suicidaire pour tenter quelque chose toute seule. Elle lâcha doucement Pearl, réfléchissant en même temps. Elle avait eu pour habitude d'être impulsive mais l'armée lui avait bien appris qu'il valait mieux établir une stratégie au lieu de se lancer sur un coup de tête. À la place, elle chercha quelques militaires du regard pour voir s'ils ne pourraient pas faire quelque chose à plusieurs.

Il avait tenté à maintes reprises, s'armant de tous les prétextes possibles pour la faire venir au bal, mais au début, rien n'avait marché. Alors, dans sa tête avaient cogité toutes sortes d'arguments, des plus idiots au plus élaborés. Cillian avait vraiment envie d'aller à ce bal; c'était l'occasion pour lui de serrer de nombreuses mains et de revoir de vieilles connaissances. Aussi, de se mêler à la population qu'il se devait de protéger. Mais un soir, il avait regardé les informations et avait entendu parlé du scandale alimentaire en Europe. L'idée de menacer Meghan avec de la viande avait germé dans son esprit. Esquissant un immense sourire, il s'était dirigé vers la jeune femme et, sourire et charme opérant, il avait balancé ces quelques mots au visage. Et la jeune femme avait ployé. Désormais, il s'attelait à se rendre présentable. Le militaire avait revêtu pour l'occasion un costume bleu quasiment noir et portait une cravate rouge. Il avait même fait l'effort de se coiffer et de se vaporiser de parfum au bois de cèdre. Fermant sa veste, il descendit au rez-de-chaussée, attrapa ses clés et fila chercher Meghan chez elle. L'homme avait esquissé un immense sourire en la voyant arriver. Lui déclarant plusieurs fois qu'elle était magnifique, ils avaient roulé jusqu'à la salle où se déroulait la soirée. La jeune femme semblait nerveuse mais Cillian lui massa légèrement les épaules, lui planta un baiser sur la joue avant de lui murmurer que rien ne pouvait arriver tant qu'il était là. Il souria une nouvelle fois, entrelaça ses doigts à celle de sa douce et entra à l'intérieur. « Tu es là grâce à la viande. Et si tu pars avant de la soirée, je sors le gigot d'agneau du congélateur. Non allez, tout va bien se passer. Je te le promets. » Repérant un peu plus loin quelques vieilles connaissances, le militaire avait lâché la main de Meg' pour aller en serrer d'autres et discuter un peu. Il parla des quelques missions qu'il avait effectué ces derniers temps avant de laisser son regard azuré sur la salle. Comme c'était à prévoir, son père n'était pas venu. Son frère non plus, ce qui l'étonna. Sûrement parti à une soirée karaoké, ou autre imbécilité du genre. Un peu plus loin, il vit un camarade, avec lequel il avait été à l'école. Choppant une coupe de champagne au passage, il se dirigea vers lui. « Alors, mon vieux, toujours... » Mais une détonation l'interrompit. Instinctivement, il porta la main à sa ceinture, mais n'y trouva pas son pistolet. Intérieurement, il se traita d'imbécile. Il l'avait laissé sur la table de nuit, à côté de son lit. Le capitaine chercha Meghan des yeux et fendit la foule. Lorsqu'il la retrouva, il la prit par les bras, la regarda droit dans les yeux. « Dis-moi que tu as ton pistolet. Donne-le moi. Je vais mater ce psychopathe. » Il commença à partir, se ravisa et se retourna vers Meghan. Il l'embrassa passionnément. « Je t'aime. » lui murmura-t-il avant de finalement partir vers le tireur.

Spoiler:

Woody s'admirait dans la vitre de la salle, appréciant son costume. Il avait bien fait d'enfiler un costard, même s'il n'en était pas vraiment fan. Mais qui dit occasion spéciale, dit tenue spéciale. Et puis, ce n'est pas une soirée en costard qui allait lui faire du mal. Il mit ses mains dans les poches de pantalon tout en se tournant vers l'intérieur de la salle. Il reconnaissait pas mal de têtes, parfois certains patients, qu'il ne voulait pas aller voir, voulant laisser cette délimitation entre le psychologue et son client. Il s'avança vers le bar, regarda ce qu'il y avait de bon et commanda un cocktail à base de noix de coco. Merde, c'était vraiment infecte ce truc ! Il s'approcha près d'une porte où se trouvait une plante et il y vida discrètement le contenu de son verre. Personne ne l'a vu ? Tant mieux. Il posa ensuite le verre sur une table et se dirigea vers les toilettes pour hommes, afin de boire un peu d'eau pour enlever ce goût horrible qu'il avait dans la bouche.

Alors qu'il se penchait vers le lavabo, le jeune homme entendu plusieurs coups de feu. Hallucination en rapport avec l'Irak ou réalité ? Woody ne savait pas s'il devait aller vérifier ou pas. Et si quelqu'un avait réellement tiré et qu'il s'apprêtait à tuer tout le monde ? Il serait peut-être plus favorable de rester ici... Non, il devait aller voir. Voir si tout le monde allait bien. Il ouvrit la porte et découvrit les invités à terre, pour la plupart, essayant de s'abriter. Woody restait dissimulé derrière la porte quand il vit passer un homme, apparemment complice du tireur. Il se dirigeait vers les toilettes pour femmes. Soudain, Woody entendu un cri. Un cri reconnaissable. C'était Arizona, il savait que c'était elle. Elle se retrouvait prise au piège avec un malade possédant un flingue. Là, il n'était plus question de se cacher, il devait aller aider son amie. Il prit une grande inspiration puis sortit de la pièce en faisant claquer la porte puis se précipita vers la salle où la blondinette avait été jetée. « Arizona ! » L'homme avec le flingue se retourna sur Woody, en pointant son arme sur le gallois.

Ils étaient tous là, presque tous. Des soldats, des gradés, des médecins, des infirmiers; la grande famille qu'est l'armée, réunie le temps d'une soirée de bal. Jamie-Rose replaça une mèche rousse derrière son oreille droite, gênée de ne reconnaître que peu de personnes dans cette foule dense et compacte.

Elle reconnut Bonnie-B, ou BB comme elle aimait l'appeler; elle aperçut Arizona dans un coin de la salle, seule pour une fois. Elle entendit le rire discret de Jaymie, et se mit elle aussi à sourire. Enfin, elle vit Andrew, pas très loin d'une jolie plante exotique -une femme, bien évidemment. Elle continua de sourire, se sentant bien.

Alors que Jamie-Rose regardait tous ces gens évoluer autour d'elle, la jolie rousse réalisa que tous ces gens étaient sa famille. Les civils, ceux qu'elle connaissait, bien sûr. Mais surtout, les militaires. Tous, sans exception; il lui suffisait de savoir qu'ils étaient de l'armée, pour les aimer inconditionnellement. Se sentir connectée à eux.
Ils étaient tous dans le même bateau qu'elle; ils étaient juste sur un pavillon différent.

Soudain, une détonation. Et là, tout s'accélère. Son pouls, son coeur, les gens, le monde entier. Son monde change, en un battement de cil, en un coup de flingue. Jamie-Rose regarde sa famille se disperser, s'éclater en milles morceaux.

Et alors qu'elle reste prostrée à côté de la porte de sortie, elle ne peut pas. Elle ne peut pas sortir, elle ne peut pas partir, les laisser tous là, seuls et à la merci de la personne qui était en train de transformer cette soirée idyllique en cauchemar organisé.

Jamie-Rose ne peut pas abandonner sa famille. Alors elle reste, se baisse et sort son téléphone portable de sa poche. Si elle pouvait composer le 911 assez rapidement, elle pourrait sauver des vies.

Vous m'avez sauvée. Maintenant, c'est à moi de le faire.

L’incompréhension submergeait la jeune Arizona qui venait de violemment embrasser le sol. Elle mit plusieurs instants pour reprendre ses esprits, relevant les yeux vers son agresseur qui agissait un flingue sous le bout de son nez. Elle voulait tenter quelque chose. Les arrêter. Mais, elle avait bien trop peur d’attiser davantage leur colère en jouant à celle qui voulait se montrer plus maline qu’eux. « Arizona ! » Le temps qu’elle tourne la tête en la direction de Woody, il était déjà trop tard. Un coup de feu venait de partir, terminant sa course dans le bas ventre de son ami et collègue qui jonchait désormais sur le parquet de la salle des fêtes, perdant de son sang en abondance. « Oh mon dieu, Woody ! » Sans même prêter davantage attention aux tireurs, elle retira ses hauts talons d’un geste sûr et rapide et, se précipita près du jeune homme qui devenait de plus en plus pâle à mesure qu’il perdait du sang. Arizona pressa sa main sur la blessure de son ami, tentant de faire stopper l’hémorragie qui gagnait de plus en plus du terrain. « Tout va bien aller, tu m’entends ? Je te le promets. » Lui murmura-t-elle alors qu’elle tentait de garder son sang-froid, balayant la salle de son regard inquiet, ce qui n’eut pas le don de rassurer les autres personnes présentes. Elle ne voulait pas alourdir l’ambiance déjà morbide mais, l’angoisse la gagnait, d’autant plus qu’elle était de nouveau en proie aux menaces de l’un des deux tireurs qui lui faisait signe de s’écarter de son ami, histoire de mieux le laisser crever. Arizona releva la tête et, le regarda dans les yeux de son air menaçant, ne bougeant pas ne serait-ce que d’un petit millimètre. Aucun son ne sortit d’entre ses lèvres mais, son regard en disait long. Elle resterait là à tenter de secourir Woody.

À la bourre comme d'habitude, Amelia s'était rendue au bal organisé par Redstone. C'était Jamie qui l'avait priée de venir, à vrai dire, et elle s'était rendue face à ses supplications. Sauf qu'elle avait bossé jusqu'à plus tard que prévu, et avait poussé la rouquine à partir sans elle. Amy était donc arrivée légèrement en retard, carrément essoufflée.

Entrée dans la salle, après avoir arrangé ses cheveux, elle avait cherché du regard son amie, un peu perdue. L'ambiance était chaleureuse, mais elle ne reconnaissait que de rares visages, peu habituée à la gente de l'armée. Postée à l'entrée, en plein milieu du passage, elle se fit soudain violemment pousser par quelqu'un. Tout se passa rapidement : les deux hommes lui passèrent à côté, sans vraiment faire attention à la elle, et tirèrent un coup de feu. Puis tout fut confus. Les gens criaient, quelqu'un la prit par la main et la tira vers un endroit qui semblait sûr, et ce fut avec horreur qu'Amy vit les ravisseurs se diriger vers une blonde, tirer sur quelqu'un, une autre blonde s'approcher d'eux... Se regardant autour, affolée, Amy aperçut la chevelure rousse de Jamie, pas très loin d'elle. Paniquée, elle souffla un « Jamie! », que, visiblement, elle n'entend pas. Inspirant un grand coup, prenant son courage à deux mains et décidée à ne pas laisser sa meilleure amie seule, elle sortit de sa cachette et, courant le plus vite possible, se dirigea vers elle, espérant que tout se passe bien...

Une belle soirée de printemps. Une salle des fêtes pour accueillir les futurs morceaux de viande de la fameuse base de Redstone, Alabama. Ce n'était pas tellement le type de soirées qu'il fréquentait d'habitude, non. Mais ce soir, exceptionnellement, il avait fait un effort. Pour qui ? Pour personne. Juste pour faire une petite apparition, et sans vouloir l'avouer, profiter de l'alcool qu'on leur proposerait au comptoir. Puis, c'était l'occasion de discuter avec les recrues comme les anciens, l'occasion de railler autour de vieux souvenirs poussiéreux. La soirée aurait pu se dérouler ainsi, si un pauvre taré n'en avait pas décidé autrement.

Un premier coup de feu, dans le vide. Ethan, immédiatement alerté, regarda tout autour de lui. Qu'est-ce qu'il pouvait bien se passer, hein ? Ses yeux faisant rapidement le tour de la pièce, c'est alors qu'il l'aperçue, elle. Arizona. La blonde insomniaque, comme il aimait la désigner. Un gars tenta de s'imposer, avant de se prendre une balle, chutant. Non, Dillinger ne rêvait pas, cette soirée virait réellement au cauchemar. Et lui, où devait-il se mettre ? Que devait-il faire ? Il n'en avait aucune idée. Il n'était pas un super héros, il n'avait jamais prétendu en être un. Il n'était que... Que lui. Un militaire parmi tant d'autres.

Un paquet s'était formé, autour de l'homme qui était atteint, deux jeunes femmes. Autour, c'était la panique, ou presque ; chacun cherchait quelque chose à faire, mais pour l'instant, aucune tentative de renverser la situation n'avait été concrètement lancée. Non. Il fallait se montrer bien plus stratège que ces deux énergumènes, si tout le monde voulait sortir vivant de cette salle de réception. Discret, essayant de ne pas se faire repérer, il entreprit de faire le tour de cette pièce pour rejoindre un petit groupe de personnes, composé de deux ou trois brunes et d'un homme. Il espérait secrètement que l'un d'entre eux soit militaire, et que ainsi, ils puissent trouver une solution, et ce, rapidement. Un homme à terre, c'était déjà un de trop, le carnage devait cesser, et vite.

Allongé sur le sol et souffrant le martyr, Woody essayait tant bien que mal d'oublier la douleur. Arizona était là, près de lui, mais ce qui le perturbait vraiment, c'était Scarlett. S'il la voyait, c'était vraiment mauvais signe. Les hallucinations, ce n'est pas de très bon augure. Comme ils disent dans les films, il ne devait pas être très loin de la lumière blanche. Il ne voulait pas mourir, comme chaque être censé, même si cela aurait pu le réunir avec les personnes qu'il aime. Il ne voulait pas mourir et laisser du monde qui pourrait encore avoir besoin de lui. Il ne voulait pas mourir de la même manière que Mats. Ce dernier lui avait fait promettre de veiller sur sa sœur, il ne pouvait pas abandonner et la laisser seule dans ce monde de dingues. Oui, il devait vivre pour la surveiller. Il tourna la tête avec difficultés vers Arizona, qui tenait tête au type qui lui avait tiré dessus. « Hallucinations... J'ai des hallucinations. Ça veut dire que je vais crever ? » Il parlait avec beaucoup de peine et bas, sa voix n'arrivant pas à monter. Il avait du mal à respirer et parler rendait la tâche pire, mais il devait savoir. Arizona devait bien savoir s'il allait s'en sortir ou pas.

Il tourna de nouveau la tête à l'endroit où il avait vu Scarlett. Elle était toujours là, les hallucinations étaient toujours là. La douleur devenait insupportable, Woody voulait s'évanouir pour ne plus rien sentir, mais son corps était loin d'être du même avis.

Elle n'avait pas de pistolet, rien. Dépourvu de protection, il se sentait totalement vulnérable. Et le tireur fou avait pointé son flingue sur quelqu'un et le coup était parti. Il avait entendu un cri percer parmi tant d'autres. Son regard affolé se promenait sur la foule qui avait peur. Il devait agir. Rester impuissant face à une telle situation n'était pas une chose habituelle chez Cillian. Il s'apprêta à partir, mais Meghan le retint et tenta de l'attirer dans un endroit sûr. Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine. Ses pensées, en effervescence, lui faisaient perdre la tête. Il se dégagea de l'étreinte de la main de sa promise, et laissa son regard clair parcourir une nouvelle fois l'assemblée. Il avisa Addison et Pearl, à quelques pas de lui. Décidé, le militaire se dirigea vers elles. Il exigea que l'une d'elle lui passe son arme - si elle l'avait -, et qu'elle tente d'évacuer les civils. Avec la personne restante, il tenterait de neutraliser le tireur fou et son acolyte. De toute façon, quand bien même il était dépourvu d'une arme, il s'en emparerait. Il remarqua la crosse d'un pistolet dépassa du pantalon d'un soldat. Sans le lui demander, Cillian le prit et fendit la foule à la recherche des deux psychopathes qui venaient de faire d'une soirée d'enfer un véritable enfer. Au sens propre et figuré. Il ordonna à des militaires qu'il ne connaissait pas de faire évacuer dans le délai le plus rapide les civils. Il devait mettre en sécurité ceux qui n'avaient aucune notion de combat, aucune expérience avec la guerre, ou les interventions quelconques de ce genre ou non. Lorsqu'enfin le capitaine les trouva, il pointa son arme vers l'un des psychopathes tout en se protégeant le visage. « Baissez votre arme ! Baissez votre arme ! Vous ne blesserez personne d'autre ce soir. Baissez votre arme ! »

Jamie !

Jamie-Rose était concentrée. Rampant presque sur le sol froid de la salle des fêtes, elle était sur le point d'atteindre son téléphone portable, qu'elle avait fait tombé lorsque le coup de feu avait retenti. Woody était blessé, elle était la seule qui puisse faire quelque chose. Elle allait l'atteindre, elle l'attrapait...

C'est là qu'elle entendit la voix d'Amelia. La douce, adorable Amelia; sa meilleure amie ici, et alors que l'information de sa présence montait à son cerveau, Jamie-Rose eut envie de se mettre une balle dans la tête -sans mauvais jeu de mot. C'était à cause d'elle, si Amelia était là ce soir. Etrangement, Jamie-Rose s'en fichait pas mal si elle devait mourir ce soir. Mais pas Amelia. Pas Woody. Pas Arizona. Pas ceux auxquels elle tenait plus que tout le reste.

Amelia, baisse toi ! Mon Dieu, mais tu es malade toi !

Jamie-Rose se jeta sur Amelia, voulant la protéger du regard étrange que jetait l'un des tueurs à sa meilleure amie. Et là, tout s'accéléra; un homme barbu venait de débarquer de nulle part, une arme à la main. Amelia était à présent en sécurité, mais cet homme là ne l'était certainement pas. Fébrilement, Jamie-Rose composa le 911 sur son téléphone qu'elle avait enfin récupéré.

911? 911 ? Oui, ici Jamie-Rose Tyler, je suis à la salle des fêtes de Huntsville... Deux hommes armés ont pris la salle d'assaut. Nous sommes une cinquantaine ici, il y a déjà un blessé grave et un, un militaire vient de débarquer avec une arme pour les arrêter... Venez vite, je vous en supplie.

Elle n'eut pas le temps de raccrocher; le 911 savait être réactif, parfois. Se retournant vers Amelia, les yeux hagards, elle lui prit la main et lui murmura :

Amelia, sors. Cache toi derrière la porte, rampe et NE REVIENS PAS.

Jamie-Rose n'était pas une héroïne. Elle n'était pas du genre à se la jouer grande sauveuse; et ça n'allait pas changer ce soir. Elle lâcha la main d'Amelia, ne se souciant plus de sa meilleure amie. Et alors que le militaire était en face à face avec les tueurs...
Elle balança son téléphone. Comme ça. Elle jeta son téléphone de toutes ses forces, espérant... Espérant quoi ? Jamie-Rose venait de commettre un acte inconscient, stupide et irresponsable.

Le téléphone avait touché l'un des complices à la tête. Oups.

Jamie-Rose se releva, à genoux à présent. Le militaire armé la regardait comme la civile stupide qu'elle était; et elle, interloquée par ce qu'elle venait juste de faire, continua de persévérer dans la stupidité.

Elle se mit à parler.

Bon... bonsoir. Les, les... Les secours arrivent.

Peut-être qu'elle était du genre à se la jouer grande sauveuse, finalement. Regardant le militaire sans savoir quoi faire d'autre, elle réalisa qu'il était à présent placé dans le dos des tueurs. Elle espéra qu'il aurait l'intelligence de les neutraliser, maintenant qu'ils étaient en position de faiblesse.

Addison était un peu égoïste. Dans une situation comme celle-là, elle pensait d'abord à protéger les gens qu'elle connaissait. C'est pourquoi elle jetait de temps en temps un regard vers Lexie, tentant de lui faire comprendre par des signes de fuir en même temps que les autres. Et puis un autre coup de feu. La soldate se tourna. Woody. Serrant le poing, elle regarda rapidement autour d'elle pour voir s'il n'y avait vraiment aucun moyen d'avoir une arme. Cillian les rejoignit, exigeant une arme. Addison haussa un sourcil. Si elle avait une arme elle serait peut-être en train de l'utiliser nan ? Et puis vint le pire. Il avait une arme, au lieu d'attendre d'avoir un plan il partit armé pour leur exiger de lâcher les leurs. Bah ouais, un homme avec une arme allait intimider deux hommes armés... Elle comprenait maintenant pourquoi on l'avait tant reprise sur son côté impulsif. Jouer les héros, c'était pas son truc. Elle n'aimait pas non plus quand les gens le faisaient. Pourtant elle ne pouvait pas rester là à rien faire. Arizona et Woody avaient morflés, Cillian allait être le prochain. Alors qu'elle s'approchait, un téléphone vola et toucha l'un des hommes à la tête. Addison se stoppa. Qui était assez stupide pour lancer son téléphone ? Bon elle n'était pas mieux, elle avait pensé à lancer ses talons au début. Mais un téléphone. Dans d'autres circonstances elle en aurait bien ri. Les regards se tournèrent vers une rousse. Jamie-Rose. Et merde.


- J'veux surtout pas vous faire peur les mecs, mais je viens d'entendre une sirène.


C'était faux mais bon, c'était juste histoire de détourner encore plus l'attention. Ils devaient s'occuper de Cillian, Jamie-Rose et Addison, les trois étant chacun à un côté différent.