« Les liens du cœur sont plus fort que ceux du sang. »

Il était une fois April Matheson. Abandonnée à la naissance par ses parents biologique, elle fut rapidement adoptée par un couple ne pouvant pas avoir d’enfants. Son père (adoptif) était déjà dans la police, quant à sa mère (adoptive), elle avait fait le choix de s’occuper pleinement d’April jusqu’à ses trois ans. Elle reprit ensuite son emploi de psychologue dans leur quartier de résidence, à côté de Seattle dans l’état de Washington. Fille unique, April a toujours su qu’elle avait été adoptée mais cela n’avait aucune importance. Ils étaient ses parents, pour le meilleur et le pire. Hélas, le pire pointa le bout de son nez quand la petite fille eût neuf ans.


« La seule chose qui craint plus que de mourir d'un cancer, c'est d'avoir un gosse qui meurt d'un cancer. »

Le cancer, ce mot qui fait peur et dont personne ne sait exactement ce qu’il signifie. Pour April, il s’agissait d’une leucémie. Une surproduction de globules blancs ou un truc dans le genre. La petite n’a jamais vraiment voulu avoir de détails. Elle était malade et risquait de mourir, c’est tout ce qui importait. Elle se souvient constamment du regard de ses parents, de la peur dans leurs yeux. Cette frayeur de perdre cet enfant qu’ils avaient attendus durant tant d’années. Une greffe de moelle était nécessaire mais ne pouvant contacter sa famille biologique, elle fut placée sur liste d’attente pour trouver un donneur compatible. Elle en voulait à ses géniteurs, non pas de ne pas pouvoir la sauver, mais d’infliger une telle souffrance aux deux adultes qui ne l’aient jamais aimée. Ecole par correspondance, séjours réguliers à l’hôpital, chimiothérapie agressive et angoisse permanente : voilà le quotidien de ses parents. Sa mère avait arrêté de travailler pour s’occuper d’April. Il fallut plus de sept ans pour que le cauchemar finisse. Suite à la greffe, April se remit progressivement, bien que des rendez-vous médicaux aient lieux régulièrement pour vérifier son état de santé.


« Tomber est permis se relever est ordonné. »

La vie suivit son court, et April fut diplômée à dix-huit ans en pâtisserie. Le soir de ses résultats, elle sortit avec des amis pour fêter cette bonne nouvelle. Une soirée très arrosée, trop. Les souvenirs sont flous, mais elle se souvient vaguement de cette ruelle sombre qu’elle empruntait pour rentrer chez elle. Les murs des habitations étaient humides et froids malgré la chaleur environnante. Puis elle se souvenait de l’odeur de Whisky de l’homme qui la plaqua contre le mur. Le reste alla très vite, elle voulut crier mais ne pouvait pas, tant la pression de la main de l'homme sur sa bouche était forte. Elle inspira, ferma les yeux et se résigna à ce qui devrait arriver. Elle sentait les larmes couler sur ses joues et essaya de penser à autre chose. Elle ne sut combien de temps s'écoula avant qu’un groupe de plusieurs mecs entre dans la ruelle et interrompe cette scène d’horreur. L'homme s'écarta d'elle et April tomba au sol. Elle leva la tête et aperçu trois ou quatre jeunes hommes. Des insultes se faisaient entendre tandis que l'homme s'énervait. Il se pencha vers elle et l'attrapa par le bras comme pour l'emmener. A bout de force, la jeune femme se laissa traîner quelques instants sur le sol. L'un des jeunes hommes s'avança et ses compères le suivirent. April n'eût pas de souvenir précis, une bagarre, des cris, des insultes... Elle était roulée en boule sur elle même complètement pétrifiée. Le calme revint doucement et elle sentit une main sur son épaule. Elle la repoussa en criant, et en séchant ses joues humides. Elle ne se rappelle pas des mots, seulement du son de voix du jeune homme. Une voix chaude, rassurante et protectrice. A bout de force et de souffle, April indiqua la route de sa maison et le jeune homme la porta jusqu'à celle-ci. Tout ce qu'elle pu articuler fut un vaste "merci", puis elle regagna sa chambre avant que ses parents ne se réveillent.

La semaine suivante, elle ne sortit pas et ne répondit pas au téléphone. Prétextant une grosse grippe, elle se referma sur elle. Se douchant cinq fois par jours, ne pouvant se regarder dans un miroir et se retrouvant incapable d’être dans le noir, elle finissait par tomber de fatigue pour finalement se réveiller en sursauts.

Sept jours après son agression, elle se plaça face au miroir puis attrapa les ciseaux. Elle coupa ses longs cheveux n'importe comment, de manière a retrouver un semblant de la coupe qu'elle avait après sa guérison.


« Toi le frère que je n’ai jamais eu. »

Il faisait beau ce jour-là. April avait un programme chargé : repos, bronzette et musique. Cela faisait plus de deux semaines qu'elle n'avait pas eu de jour de congés... Elle s'installa sur la terrasse. Alors qu'elle allait appuyer sur le bouton 'play' de son portable, ce dernier sonna. Numéro inconnu. Elle ne répondit pas. Au bout du troisième appel, elle se résigna.
À l'autre bout du fil, la voix d'une femme se fit entendre. Avant même qu'elle se présente, April savait qui elle était. C'était donc aujourd'hui. Le jour qu'elle redoutait depuis des années. Ce moment où la femme qui l'avait mise au monde pour ensuite  l'abandonner prendrait contacte avec elle.

La conversation fut rapide. April ne prit pas de pincettes. Lorsque la dame eût fini sa plaidoirie, elle lui lança distinctement : "Je ne suis pas intéressée. Merci de ne plus me rappeler." Elle ne méritait pas qu'April lui accorde du temps alors qu'elle ne lui avait même pas accordé quelques instants durant les vingt-sept dernières années. La seule et unique mère qu'elle avait eu était celle qui l'avait élevée. Elle allait raccrocher mais elle entendit la femme crier "Attends, tu as un frère qui ignore ton existence. Gabriel. Il habite à ..." Elle ne répondit pas et raccrocha.

Cette dernière phrase hanta les pensées d’April durant plusieurs semaines. Elle n'avait jamais souhaité avoir de lien avec ses parents biologiques mais lui, son.. frère, il n'y était pour rien. Il ne savait rien, c'était peut-être mieux ainsi. Mais après tout, pourquoi devrait-elle vivre avec ça et pas lui?
Ses parents adoptifs à qui elle s'était confiée, l'encouragèrent à le retrouver. Son père travaillant dans la police fit des pieds et des mains pour obtenir les informations pour le retrouver. Il serait, à priori, militaire à Redstone...
Quelques mois après le coup de téléphone, elle fit ses affaires et déménagea à proximité de la base militaire, à Huntsville, bien déterminer à retrouver ce... Gabriel.