« Chérie, pourrais-tu aller jouer un peu plus loin, s’il-te-plait? » demanda Amanda, qui venait tout juste de remarquer les regards agacés qu’on lui assénait depuis les tables aux alentours. Il était vrai que Clémentine faisait du bruit, car elle était de nature turbulente. Si cela ne dérangeait pas sa mère, ce n’était pas tout le monde qui semblait partager l’opinion de cette dernière. La fillette hocha de la tête avec conviction et partit au petit trot vers le parc d’enfants situé de l’autre côté de la rue. Comme Amanda et son amie, Odile, s’étaient installées à la terrasse, Amanda pouvait surveiller de loin sa progéniture. Elle eut droit à une nouvelle vague de regards indignés. Toute mère qui honorait cette appelation n’aurait jamais laissé sa fille traverser la rue toute seule pour se rendre au parc d’enfants, non? Amanda, n’en avait que faire. Elle élevait sa fille seule et comme elle l’entendait. Elle ne se résoudrait jamais à élever sa fille comme un petit robot à qui on donnait des ordres. Non, elle s’était fait la promesse solennelle que jamais elle ne serait ce genre de parent-là. « Je suis dans la merde, » se lamenta Amanda. « Raconte, » enchaîna Odile. « On m'a proposé de partir en mission en Syrie, » dit la blonde avec excitation. Son premier voyage humanitaire remontait à il y vingt ans de cela. Après avoir obtenu son diplôme universitaire, elle avait obtenu un emploi au sein de la Croix Rouge.