10 juillet 2015; Huntsville.
Une respiration bien maîtrisée, des coups francs et précis, elle ne détourne pas son regard de sa cible, au fil des années elle s'est formée un visage dans sa tête et ce simple panneau de bois est presque devenu aussi réel et humain qu'elle, elle peut même entendre sa respiration lorsqu'elle y porte attention. À chaque coup qu'elle lui inflige, elle expire sèchement l'air de ses poumons pour ensuite inspirer de nouveau et refaire ce cycle encore et encore jusqu'à s'épuiser ou encore perdre de vue pourquoi elle s'entraîne puisque son esprit et sa précision deviennent brouillés. Soudainement, la sonnerie de son portable la sort de ses songes et elle s'en empare pour voir le numéro de ses parents affiché. S'humectant les lèvres, elle fini par décrocher, mais bien sûr sa mère ne peut pas échapper au fait qu'elle ait le souffle court. « Oui maman, j'ai été faire un jogging pour connaître un peu les environs...» Lâcha-t-elle comme excuse bidon, madame Fowley sembla gober complètement l'histoire, puisqu'elle enchaîna sur d'autres questions, auxquelles Billy répondit ayant légèrement l'impression de subir un interrogatoire, mais en même temps elle comprenait l'inquiétude que pouvait ressentir sa mère et le fait qu'elle veuille la protéger à tout prix, après tout c'est le rôle des parents de protéger leur enfant quoi qu'il arrive non? Ce fût à son tour de poser une question, d'une voix douce et incertaine Billy osa demander; « Comment va papa?» Elle baissa les yeux alors qu'elle avait toujours son portable contre son oreille et son couteau finement affilé dans l'autre main. Monsieur Fowley était malade depuis de nombreuses années maintenant, une maladie causée par l'insomnie, la peine, la douleur... Heureusement, Billy fut soulagé de voir que son père se portait bien malgré tout elle jura à sa mère qu'elle l'appellerait au courant de la semaine et avant de se quitter, madame Fowley prononça la fameuse phrase, qu'elle avait l'habitude de dire à chaque fois qu'elles se quittaient que ce soit par téléphone ou en personne; - Prend soin de toi ma Lizzie-. Et à chaque fois, Billy venait à la rassurer en disant qu'elle n'y manquerait pas et qu'elle souhaitait qu'ils fassent la même chose de leurs côtés. C'est dans un soupir qu'elle finit par raccrocher, doucement ses yeux se posèrent sur le couteau qu'elle tenait toujours dans sa main, un goût acide lui monta à la gorge et elle dut se rendre à la salle de bain pour y vomir.
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