“ Chapter 1

Welcome in hell my friend, the gates are open... ”

Il ne faisait pas particulièrement froid... Ou peut-être que si, mais je ne sentais ni le vent, ni le froid. Il aurait pu neiger, je n'aurais senti sur ma peau que le continue roulement de mes larmes. Mais ce n'était qu'une banale journée d'automne, il faisait peut-être même soleil à bien y repenser. J'avais enlevé mes chaussures à talon qui ne faisaient que renfoncer dans l'herbe et ôtai ce chapeau de tulle ridicule qui me démangeait. Tous les gens avaient quitté la cérémonie depuis un bon moment déjà. J'étais seule. Définitivement seule avec ma motte de terre entre les mains, toujours pas résignée à la jeter. Des trois, il ne m'en restait qu'une seule. Je me tenais debout devant cette pierre rigide comme un soldat. À croire qu'il s'amusait à me narguer d'où il était. Les yeux ruinés par les larmes et le menton tremblotant, je m'obstinais à relire et relire encore les mots gravés sur sa stalle: « Anton Stark. Laisse dans le deuil sa mère, Elene Mac Laren Stark, et sa soeur adorée, Kassie Sark.»

- «IDIOT!» M'écriai-je avant de lancer la terre contre la pierre.

Il n'y avait rien d'autre à dire. Il n'était pas idiot. Il le savait, enfin j'osais espéré qu'il l'avait su de son vivant. Il était beau, brillant, drôle, attachant... Mais pas idiot. Lentement, je sortis de ma poche un papier complètement froissé. J'étais la dernière personne à qui il avait écrit avant de s'enlever la vie. Je m'avancai vers le trou remplit de terre fraîche et y creusai un peu avant de déposer la lettre et de l'ensevelir à son tour. Je pris mes chaussures, tournai les talons et quittai le cimetière pour ne plus jamais y revenir.

“ Chapter 2

Would you be my friend tonight? Please... ”

Et une de plus. Après quatre avalée en une heure et demi, qu'est-ce qu'une cinquième bière viendrait changer à mon état!? La musique était depuis le début de la soirée qu'un bourdonnement dans mes oreilles. J'avais toujours préféré les sons de la guitares au synthétiseur. Malheureusement pour moi, le chansonnier prenait une pause cigarette. J'étais beaucoup trop bien habillée pour l'endroit. Avec ma robe noire au dos de dentelle. J'en avais strictement rien à foutre de tous leurs regards. Deux jeunes hommes étaient venus me parler. Je n'avais absolument rien compris derrière mon brouillard intérieur. J'étais assise au bar, gâchant sans doute l'humeur de l'homme derrière le comptoir avec mon air atterré. Il y avait un match de... Je ne sais plus quoi... qui jouait sur le petit écran de la salle. Je pris une gorgée de ma bière, fixant l'athlète qui courait à l'écran. Que j'aurais voulu me mettre à courir comme lui pour m'éloigner loin, tellement loin...

- «... Anton. Vous êtes bien Kassie?»

Le nom me fit sursauter et je revins miraculeusement dans la réalité. Mes yeux prirent un moment à faire le focus sur celui qui avait prononcer son nom. Il avait un regard perçant, fier et tellement vibrant. C'était un homme droit, avec de belles manières. Ses vêtements étaient impeccables et choisi avec goût. Je ne répondis rien immédiatement. Cet homme venait de me déranger dans ma solitude et étrangement, j'avais envie de m'accrocher à se sourire qu'il venait de me décocher.

- « Je me sens idiot, pardon. Je dois me tromper de fille.»

Je lui souris maladroitement, les bières ralentissant mes mouvements.

- « T'en connais beaucoup toi, des filles qui ont cette allure là dans un bar du coin un dimanche soir? Kassie, oui, enchantée. Et tu es?»

- « Charles Cooper, j'étais avec votre frère lorsque, enfin... Je le connaissais.»

Il avait rapidement vu dans mes yeux que, pour ce soir, c'était un sujet à éviter. J'avais envie de croire en une autre vie, de vivre dans la peau d'une autre pour quelques heures. On s'était finalement installés à une table, finissant par se faire jeter dehors par le concierge vers les trois heures du matin. On avait parlé de tout, de rien. De lui un peu, de moi surtout. Nous avions parlé de voyages, de place que j'avais vu, de celles où il aurait aimé aller. Je me souviens surtout avoir énormément rie. À cause de l'alcool en partie, mais également parce qu'il avait su me plaire avec sa gueule de dragueur. Il avait insisté pour tout payer. Je m'y étais vivement opposée... J'avais perdu! À croire qu'il voulait vraiment me rendre plus saoule que je ne l'étais déjà.

Juste avant de quitter, il me fit signe du doigt d'avancer mon visage vers le sien. D'un air amusé, je m'exécutai. Qu'avais-je à perdre de plus se soir?

« Vous savez ce qui vous ferait du bien miss Stark?»

Oh! Il ne m'avait même pas laissé le temps de réfléchir. Ses lèvres s'étaient posées sur les miennes, doucement d'abord et avec plus d'ardeur ensuite. Il avait raison, ça avait été l'un des meilleurs baisers que je reçue. Heureusement, ce ne fut pas le seul de la soirée. Je l'avais supplié de m'emmener ailleurs. Je ne voulais en aucun cas rentrer chez moi se soir.

Le verrou de la chambre de motel débloqua et nous entrâmes dans la pièce. Titubante, je vins m'asseoir sur le lit, me laissant finalement tomber sur le dos. Il vint me rejoindre et accota sa tête contre la mienne. J'éclatai de rire. Un fou rire incontrôlé. La situation était incongrue, le stress et la douleur de la journée retombaient et l'alcool me jouaient de biens vilains tours. Ses yeux se plantèrent dans les miens, l'envie de rire partit aussi vite qu'elle était venue.

- « Tu es belle. »

Il m'embrassa langoureusement, je répondis au baiser en y ajoutant des caresses. Celui-ci me fit signe de patienter un court instant le temps qu'il aille à la salle de bain. Couchée sur le dos, une main sur mon épaule dénudée de ma robe, les cheveux en bataille contre le matelas, je m'endormie.
Charles Cooper était entré dans ma vie...

“ Chapter 3

Forever and ever baby ”

Dieu, qu'il était beau! Son regard était solidement ancré au mien. Il y avait des dizaines de personnes dans l'église et pourtant, j'avais la vive impression que nous n'étions que tous les deux. Ses grands yeux verts savaient m'apaiser, me faire sourire, m'aimer. Il y avait dans son regard une flamme, qui, je le savais, ne brûlait que pour moi. Cameron Philips était certainement l'homme de ma vie.....

Je crois d'ailleurs que je l'ai su dès le premier sourire qu'il me lança dans ce pub de la ville. J'étais avec Charles ce soir-là. Il m'avait invité à venir prendre un verre avec lui et ses amis. Je savais bien qu'il voulait simplement exhiber son «trophée» auprès des autres mecs. Il aimait leurs faire croire que sa vie était tellement excitante et pleine de sexe! J'avais d'abord refusé sa proposition, parce que je ne voulais pas jouer à son petit jeu. J'avais une fois de plus perdue... La soirée était plutôt avancée lorsqu'IL entra dans le bar. Nous avions tous un peu bu, Charles toujours un peu plus que les autres. Et c'est alors que les yeux émeraudes de l'inconnu croisèrent les miens. J'eus franchement du mal à revenir sur terre et préférai caler le reste de ma bière pour y arriver. Charles vint finalement me chercher tandis que je discutais avec un de ses amis.

- Désolée Jacob, tu peux pas la garder pour toi tout seul! Allez Kass, je voulais te présenter à un de mes meilleurs potes sur la base.

Arrivée à sa hauteur, je crois que mon coeur dû manquer un battement. Je me sentais complètement idiote. L'intensité de son regard me laissa muette quelques secondes et je ne suis même plus certaine de lui avoir même souris à ce moment-là.

- Cameron, je te présente Kass.
- T'aurais pu me dire qu'elle était aussi jolie, je serais sans doute venu plus tôt.

J'eus un petit sourire gênée avant de reprendre finalement mon aplomb. Cameron et moi fûmes inséparables pour le reste de la soirée. La vie l'avait mis sur ma route et c'était la plus belle nuit de ma vie. Il se proposa de me raccompagner chez moi à la place de Charles. J'acceptai sans remarquer l'ombre qui traversa le regard de mon ami.

... Et voilà qu'aujourd'hui, presque deux ans plus tard, nous étions dans cette magnifique église. Lui dans son complet, moi dans ma robe blanche, tous deux près à s'aimer devant Dieu pour l'éternité.

“ Chapter 4

The end of all thing ”

J'avais d'abord pensé à me mettre un fusil contre la tempe, ensuite m'ouvrir les veines m'aurait semblé moins compliqué. J'aurais aussi bien pu me noyer dans mon bain ou encore me pendre. Malheureusement, je ne fis rien du tout. Depuis combien de temps ne m'étais-je pas lavée? Je n'étais même plus certaine d'avoir mangé quelque chose au courant de la journée. J'avais à peine dormi et une migraine me tenaillait depuis maintenant une bonne semaine. Qu'importe au bout du compte.

J'allai dans notre garde-robe me chercher un gilet plus chaud. Je ne suis pas certaine si c'est parce que j'avais effectivement froid, ou simplement parce que je tremblais encore. L'odeur de ton parfum sur tes vêtements vint cruellement me poignarder en plein coeur. J'éclatai en sanglots en m'effondrant dans le fond du placard. Comment pourrais-je survivre à cela durant toute ma vie alors qu'une seule minuscule semaine venait de s'écouler? Je ne crois pas qu'une telle douleur puisse s'expliquer. La seule comparaison me venant en tête étant celle d'un animal qui se fait dépecer vivant...

On était venu m'annoncer la nouvelle le mardi précédent. J'avais tout d'abord essayé d'être digne d'une femme de soldat en essayant de retenir ma douleur. Je m'étais ,finalement, littéralement effondrée sur le pas de notre porte en espérant ouvrir les yeux et me rendre compte que je rêvais. J'étais veuve après seulement un an de mariage. De toi, ne me restait plus que des photos, quelques vidéos, du linge, un chien... Rien, en réalité. Tu me connais, je me blâmai aussitôt. J'aurais dû être de cette mission. Un poste m'avait été offert et je l'avais lâchement refusé. J'aurais dû mourir avec toi cette journée-là. Je ne crois pas que mon courage était à la hauteur du tien, mais je sais que j'aurais tout fait pour te sauver la vie, quitte à donner la mienne.

... Je me dirigeai vers la cuisine, flattant la tête de Molly au passage. Je me versai un café en retournant vers le salon ou l'album de photos était grand ouvert sur la table à café. J'avais eu besoin de les regarder. Mon regard s'attarda sur une de Charles et moi. Mes yeux se remplirent de larmes à nouveau. Mes doigts glissèrent sur les contours de son visage. On m'avait également annoncé sa disparition. Je dois avouer que j'aurais aimé qu'il soit avec moi aujourd'hui. Inconsciemment, j'avais mis la main sur mon portable, je composai le numéro de son cellulaire et attendis.
«Salut, vous êtes bien sur la boîte vocale de Charles Cooper, je suis présentement en train de m'envoyer en l'air alors, laissez un message... Bip.»
L'appareil tomba au sol, mon visage ruiné par les larmes, j'étais définitivement seule.