Appartement de Henri Le Gall – Paris, année 2005
Daisy. Un doux prénom pour la poupée blonde délicate américaine qui partageait la vie sentimentale d’Henri depuis plusieurs mois. Auprès d’elle il se sentait bien. Il l’avait rencontré quelques mois auparavant à la terrasse de son café préféré. Elle venait simplement d’arriver dans la capitale française, elle semblait si perdue et si peu sûre d’elle qu’Henri avait fini par lui venir en aide. Il l’avait alors accompagné dans ses explorations des quartiers parisiens. Rapidement, il avait succombé à son charme cristallin et à son physique séduisant. Bien que sa cadette de trois ans, il ne se sentait pas trop vieux pour elle. Au contraire, leur relation était épanouie et ils se trouvaient tous les deux sur un pied d’égalité. Depuis quelques mois, il prenait soin de l’emmener dans ses endroits préférés. Lui faisant découvrir le Paris authentique, introuvable sur les cartes postales. Il aimait l’inviter dans les petits bistrots typiquement français, se balader avec elle au bord des quais de la Seine. Parfois, elle venait le chercher ou l’accompagnait à l’institut de psychologie où il étudiait. Des petits gestes d’affection touchants. Henri l’appréciait énormément, avec elle tout semblait aisé et elle lui apportait le calme et la finesse dont il avait besoin. Se réveiller auprès d’elle le matin, comme aujourd’hui, était un délice. Il déposa un doux baiser sur son dos dénudé et sortit sans faire de bruit de son lit pour ne pas la réveiller de son sommeil profond. Il se dirigea alors vers la cuisine pour leur préparer un petit déjeuner copieux pour affronter la longue journée d’escapades parisiennes qui les attendait. Il mit des tranches de pain à griller et fit couler le café. Il sortit le beurre et la confiture du frigo et les déposa sur un plateau. Il ajouta des croissants encore moelleux, dont l’odeur enthousiasmait son odorat. Ensuite, il pressa des oranges fraiches pour apporter les vitamines nécessaires à l’organisme. Dix minutes plus tard, tout était fin prêt, il apporta le plateau dans la chambre et le déposa délicatement sur le lit. Assoupie et encore un peu endormie, Daisy le regarda en souriant, heureuse de le voir. Il l’embrassa doucement pour la réveiller le moins brusquement possible.
« Bonjour » lui souffla-t-il à l’oreille gentiment. Elle contempla le lit et sourit sincèrement en découvrant le plateau sur le lit.
« Tu m’as encore préparé le petit-déjeuner ? Tu es trop gentil » dit-elle en se redressant et en lui caressant la joue. Henri s’assit auprès d’elle et commença à mettre de la confiture aux fraises sur une tartine de pain.
« Il faut bien, je t’emmène dans pleins de quartiers différents aujourd’hui, je vais t’épuiser » déclara-t-il en lui souriant. Elle rigola légèrement et commença à manger.
« J’ai hâte dans ce cas. » s’exclama-t-elle le ton sincère et enjoué. Ils mangèrent au calme, partageant les croissants et les tartines. Rigolant lorsque Daisy se mit de la confiture sur le bout du nez.
« Tu te souviens que mes parents arrivent demain ? » demanda-t-elle. Bien sûr qu’il n’avait pas oublié, elle l’avait même rendu nerveux en lui annonçant qu’elle souhaitait qu’il les rencontre. Il avait peur de ne pas leur convenir ou qu’il le trouve trop vieux pour leur fille bien aimée. Il se sentait anxieux à l’idée de se retrouver en face des deux parents Adams.
« Oui c’est d’ailleurs pour ça que je compte bien profiter de toi aujourd’hui. » répondit-il avec un sourire malicieux. Elle se mordit les lèvres en le fixant et resta de longues secondes à le fixer l’air espiègle.
« On pourrait peut-être commencer maintenant tu ne crois pas ? » l’interrogea-t-il en la regardant.
« L’idée me paraît envisageable » lui chuchota-t-elle à l’oreille. Il s’approcha d’elle et l’embrassa longuement avec une envie non dissimulée. Le temps se figea, l’espace d’une heure. Un instant de partage entre deux corps emmêlés s’unissant dans une danse des plaisirs.
Ecole Militaire de Saint Cyr – 4ème bataillon, Octobre 2007
L’entrainement physique obligatoire pendant les quatorze semaines de formation au poste d’Officier sous contrat spécialiste n’était pas vraiment la partie préférée d’Henri. Il n’avait pas particulièrement la carrure pour mais pourtant il se donnait à fond. Chaque jour, il repoussait les limites de son organisme pour parvenir à son but final. Pour ne pas décevoir les supérieurs croyant en lui et en ses capacités. Le test intellectuel avant l’engagement n’avait été qu’une formalité. Le recruteur avait rapidement compris qu’il avait devant lui un homme instruit, au cerveau rempli de connaissances. L’épreuve physique s’était avérée plus délicate et nettement moins aisée. Il avait pris soin de s’entraîner auparavant pour ne pas échouer lamentablement. Il avait fini par réussir. Il avait donc rejoint le 4ème bataillon et s’était retrouvé à l’Ecole de Saint Cyr. Depuis son arrivée, il faisait son possible pour confirmer sa motivation et pour montrer sa volonté. Les entraînements d’aptitude physique avaient toujours lieu avec les soldats en formation. Henri se retrouvait alors devant des hommes nettement plus imposants que lui. C’était gênant. Pourtant il avait décidé de ne pas y prêter attention. Il s’était engagé avec un seul but et il ne comptait pas laisser une personne le dévier de son chemin. Dans les troupes, il y avait des militaires plus moqueurs que lui, ayant le besoin de se moquer ou de rire des autres. Pierre Le Blanc faisait partie de ce groupe. Quand Henri le vit s’approcher près de lui après le parcours de cross qu’ils venaient d’effectuer, il comprit qu’il allait encore avoir le droit à une remarque de bas étage. C’était habituel. Il prenait toujours soin de ne pas répondre à la provocation pour ne pas envenimer la situation. Pourtant, parfois il désirait secrètement l’épingler d’une phrase acerbe.
« Le Gall on dirait que tu as du mal à suivre l’entraînement aujourd’hui. Tu sais que si tu ne t’en sens pas capable, tu peux abandonner tout simplement. » dit le soldat, un sourire désagréable et hautain sur les lèvres.
« Si je suis là ce n’est pas sans raison Le Blanc. Si on m’a accepté c’est que j’ai les capacités pour. » répondit Henri. Après tout ce n’était que la stricte vérité. Il n’était pas arrivé ici par hasard, il avait passé les tests comme tout le monde et il n’avait pas échoué.
« Ton cerveau c’est vrai. » pouffa-t-il en le regardant. Henri ne pouvait pas le nier, il trouvait le soldat particulièrement désagréable. Presque détestable et il n’appréciait que très légèrement les plaisanteries déplacées, au ton moqueur qu’il pouvait lui faire.
« Il faut bien que l’un de nous deux se servent de sa tête. » déclara-t-il en montrant son cerveau. Le soldat en face de lui n’était pas foncièrement futé. Henri ne l’aurait jamais traité de décérébré mais son intelligence était diminuée il en était certain. En dessous de la moyenne en tout cas. Pierre Le Blanc avait beau avoir un physique très imposant, des épaules carrées, il n’impressionnait pas Henri. Ces dernières semaines il avait appris à le comprendre et il savait parfaitement que tout cela n’était qu’une carapace perfectible.
« Qu’est ce que tu insinues ? » demanda Pierre Le Blanc en le fixant méchamment, le regard ampli d’une haine non dissimulée.
« Pas besoin d’insinuer. Tu as beau faire semblant d’avoir de l’assurance, ton manque de confiance en toi est perceptible en un regard. Tu joues les durs, tu te donnes à fond pendant les entraînements, t’essaies de terroriser les plus faibles mais ça ne marche pas. Tu as juste un complexe d’infériorité par rapport à ton cerveau diminué mais tu n’assumes pas. Il suffit de regarder ton air ébahi lorsque les conversations deviennent trop poussées. Ton côté sûr de toi c’est simplement un masque. Le pire dans tout ça c’est que tu n’es pas crédible, tu as un tic nerveux au niveau des yeux quand tu cherches à m’intimider et à me faire baisser les bras. Le bouquet c’est pendant les entraînements de tir, ta main droite tremble légèrement, signe que tu as peur et que tu ne crois pas en tes capacités. » narra-t-il en le fixant fier de lui et de ses propos. Il savait qu’il énervait beaucoup de personnes en agissant de la sorte et en leur avouant tout ce qu’il pouvait remarquer chez elles, mais pourtant il s’en amusait.
« Le Gall toi et ton cerveau vous commencez vraiment à me chercher. » répondit Le Blanc en l’attrapant par le col. La violence pour répondre à des propos réfléchis, Henri n’était même pas étonné. C’était dans la logique même du personnage se trouvant en face de lui. Ne pas assumer ses faiblesses et espérer effrayer son adversaire en le menaçant physiquement. Malheureusement, ce genre d’actes n’avait aucun effet sur Henri, il était certain de ne pas se tromper.
« Qu’est ce que tu vas faire ? T’en prendre physiquement à moi ? Tu me confirmerais simplement que j’ai raison et je sais déjà que c’est le cas. Tu vas fuir sinon ? » demanda-t-il pour le provoquer intentionnellement. Il savait qu’en le poussant dans ses retranchements, il finirait par gagner et par ne plus recevoir de remarques moqueuses le concernant.
« Va te faire voir Le Gall » finit-il par dire avant de le lâcher et de tourner les talons afin de rejoindre son groupe positionné en retrait.
Opération "Sangaris" - Centrafrique, 28 Janvier
La mission d’aujourd’hui était délicate. Henri le savait. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il était celui à qui on l’avait confié. Libérer des otages. Négocier avec l’ennemi. Apaiser les conflits. Il y arrivait parfaitement. Son expérience et son empathie lui permettaient de discuter avec les bourreaux. C’était sa force. La situation actuelle était complexe. Le nord de la Centrafrique était en proie depuis des mois à des conflits violents entre différentes forces rebelles. Les « anti-balaka » ripostant aux attaques des anciens mercenaires de la Seleka dont certains étaient devenus depuis la dissolution des miliciens sans pitié. Pillant des villages. Tuant les villageois de la religion opposée. Attaquer des prêtres catholiques. Chrétiens contre musulmans. Toujours le même refrain. Le rôle de la France dans tout ça ? En Mars, le gouvernement avait aidé Michel Djotodia, le chef de l’ancienne Seleka, à prendre le pouvoir. Destituer François Bozizé responsable d’un coup d’état. C’était pire que tout. Pire qu’avant. Le pays était devenu le lieu de toutes les rivalités. La dissolution de la Seleka en Septembre n’avait rien arrangé. Bien au contraire. Supposée calmer les esprits, la démission de Michel Djotodia le 10 Janvier avait plongé le pays dans le chaos. Les esprits des anciens Seleka s’étaient animés. Les combattants incontrôlables étaient apparus. La violence faisait rage. Les affrontements étaient devenus réguliers. Présent depuis Décembre sur le terrain, les français essayaient sans fin d’apaiser les tensions. Apportant leur soutien aux entités pacifiques. Désarmant les groupes armés. Rétablissant la sécurité. C’était les missions de l’armée. Pas celle d’Henri. Il avait été envoyé ici pour comprendre les populations. Pour apporter son analyse aux militaires. Comme à chaque fois. Le 15 Janvier tout avait basculé. Bimbo. Un affrontement. Des soldats. Des hommes armés. Des pertes humaines. Des civils qui n’avaient rien demandé, dommages collatéraux d’une fusillade inexpliquée. Les représailles des musulmans n’avaient pas tardé. Une nuit après, ils avaient tué des chrétiens à l’arme blanche. Mais pas seulement, ils avaient aussi enlevé deux humanitaires français. Deux membres de la Croix-Rouge, présents pour secourir les blessés. Depuis Henri essayait de rétablir le contact avec cette milice accusant la France de prendre partie pour les chrétiens. Souhaitant libérer les otages innocents. Il avait presque réussi. Les mots qu’il avait utilisés les avaient en partie convaincus. Aujourd’hui c’était le moment clé. L’enjeu était important. Il avait rendez-vous avec le « chef » du groupe responsable de l’enlèvement des deux français. Lorsqu’il pénétra dans la bâtisse en bois, seul et pas armé, il était certain de prendre des risques. Inconsidérés. C’était son credo. Pour résoudre les conflits, il utilisait la parole. Jamais les fusils rendant l’atmosphère encore plus houleuse. Ses supérieurs le décrivaient souvent comme un suicidaire, prêt à tout pour réussir le travail qu’on lui demandait. C’était le cas. Plusieurs fois, il avait failli trépasser. Un milicien le conduisit vers un grand homme imposant, à l’allure froide. Le visage fermé, les traits tirés. Henri fixa chaque parcelle de peau, à la recherche d’une ouverture, d’un signe amical envers lui. On l’obligea à s’asseoir sur une chaise en bois instable dont les pieds semblaient vaciller. La discussion pouvait commencer. Un rebelle armé d’une machette et d’un fusil à pompe gardant la porte de la pièce où ils se trouvaient. C’était tout ou rien. C’était la vie ou la mort. L’adrénaline monta comme à chaque fois qu’il était dans une situation inconfortable. Il avait besoin de ressentir son cœur battant la chamade. Les sens en éveil, prêt à disséquer le moindre mot. Le moindre mouvement. Le moindre geste. Deux heures d’échange infructueux. Deux heures de menaces non dissimulées. Deux heures durant lesquelles Henri chercha par tous les moyens de canaliser l’énervement ambiant, envahissant la salle. Choisissant minutieusement les mots qu’il employait. Les contrarier davantage ce n’était pas son but. L’après-midi avança, le soleil se perdant dans l’horizon. L’accord était proche, il le sentait dans le ton employé par son adversaire.
« Je peux vous promettre de la nourriture, des médicaments mais c’est tout. Les armes je ne peux pas. Je peux vous jurer la fin des affrontements entre nos soldats et vos hommes, mais il me faut quelque chose en échange. Une promesse. » prononça-t-il la voix posée et calme. Le chef le regarda longuement, hésitant avant de répondre. Il se racla la gorge avant de prendre la parole.
« Marché conclu, je vous fais confiance ne me décevez-pas. » répondit le rebelle. Aucune mimique de mensonge sur le visage. Ses mots semblaient sincères. Même pour lui dont le travail était de tout analyser. Il resta presque une minute à l’observer, à disséquer les traits de son ennemi. Muni de son téléphone satellite, Henri appela les soldats situés à quelques kilomètres de là, servant de renfort et prêt à intervenir en cas de nécessité. Il prononça le nom de code synonyme de la libération des otages. Il n’avait plus qu’à attendre à présent. Les minutes défilèrent. En silence, l’attente était insoutenable. Le temps semblait figé dans la pierre. Le bruit d’un véhicule. Le crissement des pneus sur la terre. Tout dégénéra. Un homme imposant attrapa ses bras les mettant dans son dos. Un son. Un boom. Un tir. Un deuxième. Des dizaines. Du sang. Des corps sans vie. Le chaos. Et puis soudain, le silence absolu. Son regard se perdit dans l’horizon. Il était le seul encore en vie. Le seul français dont le cœur battait toujours. Le chef de guerre s’approcha de lui, machette à la main. Il pouvait presque ressentir le souffle de l’homme près de son visage. La machette se perdit sur le cou d’Henri, à quelques centimètres seulement de sa peau. De sa chair. A proximité de sa jugulaire.
« Vous n’êtes qu’un pion, vous tuer ne servirait à rien. Mais faites comprendre à vos supérieurs, à la France, qu’on ne rigolera plus à présent. Qu’un homme comme vous ne suffira pas à nous contrôler. Vous, les occidentaux, êtes responsables de la situation. Vous avez choisi votre camp auprès des chrétiens, vous devez assumer les conséquences. Aujourd’hui n’était qu’un avertissement. Partez maintenant. » narra le milicien. La pression sur ses mains se relâcha. Il était libre. Les lunettes embuées de gouttes de sang, Henri sortit du bâtiment le corps contrôlé par un marionnettiste. Ses jambes allaient se dérober sous son poids il en était certain. Il n’avait plus de force. Il devait marcher mais il n’y parvenait pas. Le vertige l’emporta. Devant lui, un corps inerte allongé sur le sol, les yeux encore ouverts. Il se sentait mal. Il allait imploser, mourir comme tous les autres. Une larme solitaire coula le long de son visage. Il avait dépassé les limites. Pénétrant en territoire ennemi, croyant leurs paroles mensongères. Il avait cru en eux. Il avait pensé pouvoir apaiser ce déchaînement de violence. Il avait eu tort. Son erreur de jugement avait été fatale. Il était le seul en vie. Il avait armé les fusils tirant sur les soldats. Le responsable de tout ce carnage c’était lui. Henri Le Gall.
Cabinet du Dr Durand – Paris, 15 Avril
Henri ne savait pas comment il s’était retrouvé là, ni comment ses pas l’avaient conduit au cabinet de son psychanalyste, Docteur Durand, alors qu’il n’avait même pas rendez-vous. Une éternelle crise d’angoisse dans la foule remplie de passants l’avait tétanisé. Le souffle court. La sensation de suffoquer. L’écho résonnant dans les oreilles. Il avait fini par confondre un bruit de métal tombant sur le sol avec un coup de feu. Boom. Terrorisé, il s’était alors caché dans une encablure de porte, attendant que la panique s’évanouisse. Espérant que la paranoïa allait diminuer. Il avait l’habitude de ressentir cela à présent. C’était presque quotidien. Un afflux de personnes l’effrayait, il se sentait alors diminuer et vaciller dans un torrent de peur et de stress infondés. Il avait fermé les yeux de longues minutes durant, visualisant des images réconfortantes dans sa tête. Respirant profondément et longuement pour espérer faire redescendre son rythme cardiaque. L’adrénaline qui était anciennement sa meilleure amie s’était transformée en sa pire ennemie. Elle poussait son organisme à réagir trop rapidement, à devenir presque incontrôlable. Il perdait alors le contrôle. C’était insupportable. Apaisé, il avait alors marché sans but. En vain, des minutes durant. Il avait fini par se retrouver ici. Devant le vieil immeuble haussmannien. Il resta en bas un moment avant de se décider à monter. Il finit cependant par pénétrer dans l’appartement qui abritait le cabinet de son médecin. La secrétaire à l’accueil le reconnut immédiatement, elle avait l’habitude de le voir depuis plusieurs mois. La salle d’attente était vide, Henri en était soulagé. Il n’allait pas devoir attendre trop longtemps et heureusement. Il attendit quelques minutes les yeux fermés, la tête posée contre le mur avant d’entendre les cliquetis des pas des chaussures de ville du docteur. Le psychanalyste était un homme assez grand, très bien habillé aux cheveux grisonnants. Henri avait pris l’habitude de le consulter depuis longtemps. Bien avant, l’opération « Sangaris » pour soulager les légères crises dont il était déjà victime auparavant. Depuis plus de deux mois c’était pire encore alors il venait plus régulièrement. Toutes les semaines il avait rendez-vous pour discuter de ses tourments. Le Docteur Durand était un homme de confiance, avec qui il se sentait bien. Il pouvait lui parler. Lui avouer tous ses troubles sans crainte d’être jugé. Sans crainte que l’armée ne soit au courant. L’homme le remarqua dans la salle et se dirigea immédiatement vers lui. Il lui serra la main et posa son bras sur l’épaule d’Henri qui se leva en l’apercevant.
« Bonjour Henri, entrez dans mon bureau » lui dit le docteur Durand sur un ton apaisant. Il le regarda un instant.
« Bonjour Docteur » souffla le français. Les deux hommes pénétrèrent dans le bureau du médecin. Henri s’asseyant sur le fauteuil en cuir confortable où il avait pris l’habitude de s’installer. Le médecin le fixa avant de prendre la parole.
« Que s’est-il passé Henri ? Vous avez eu une nouvelle crise ? » demanda-t-il. A vrai dire, il savait déjà la réponse. A chaque fois qu’Henri arrivait de façon inattendue dans son bureau c’était à cause de ses angoisses. Le psychanalyste avait l’habitude.
« Oui dans la rue. J’ai perdu le contrôle. J’ai confondu le bruit d’un bout en métal tombant sur le sol avec un tir de fusil à pompe. » répondit-il honteusement. Le Docteur Durand se leva pour leur préparer un café et lui apporta une tasse.
« Henri, vous êtes aussi intelligent que moi, voire sûrement plus. Vous avez été sur le terrain de nombreuses années. Vous avez vu les dégâts de la guerre sur les soldats. Vous savez parfaitement les troubles que vous traversez actuellement » indiqua-t-il. Evidemment, qu’Henri était au courant du mal qui l’habitait. Il l’avait vu sur de nombreux soldats auparavant. Le problème n’était pas là. Chez lui, tout était plus fort et plus violent. Presque irradiant.
« Stress post traumatique, oui je le sais bien Docteur. Mais je ne peux plus vivre avec ces angoisses perpétuelles. Avec ces cauchemars que je fais chaque nuit. » avoua-t-il en jouant nerveusement avec ses mains. Signe de stress détectable en un regard. En psychologie, on appelait ça « le lavage de mains » supposé apaiser les angoisses et retrouver un état physiologique stable.
« Il faut vous laisser du temps, vous n’allez pas guérir aussi facilement. Votre empathie c’est votre force mais aussi votre faiblesse depuis le début. Vous vous laissez submerger par les émotions des autres et par ce que vous avez vécu. » dit le Docteur Durand sur un ton rassurant. Henri savait qu’il avait raison. Evidemment que c’était le cas. Depuis de nombreuses années, la facilité qu’il avait à se mettre dans la tête des autres était sa plus grande force. Elle devenait maintenant sa faiblesse. Pourtant il ne pouvait cesser de ressasser.
« Comment pourrais-je faire autrement ? Je les ai tués. Je suis responsable de leur mort. Si j’avais pris une autre décision, si j’avais compris que l’homme me menait en bateau, ils seraient toujours là. C’est moi le coupable dans toute cette histoire et je n’arrive pas à l’oublier. Je ne peux pas me regarder dans la glace sans voir les reflets des soldats qui sont décédés par ma faute. » exprima-t-il la voix prise par l’émotion le gagnant. Le Docteur Durand décala son fauteuil près de son patient et vint se mettre près de lui. Il avait l’habitude de voir Henri dans cet état de stress et de culpabilité depuis son retour de Centrafrique. Néanmoins, il s’inquiétait de le voir si troublé et touché par les événements qu’il avait traversé. Son angoisse ne diminuant guère malgré leurs séances.
« Henri, arrêtez de rejeter la responsabilité sur vous. Vous n’êtes pas infaillibles, personne ne l’est. On fait tous des erreurs de jugement, vous y compris. Vous ne pouvez pas vous blâmer éternellement. Si vous aviez été un soldat « normal » vous auriez tué de nombreux hommes bien avant l’opération Sangaris. Le coupable ce n’est pas vous, vous devez cesser de penser cela. Vous étiez dans un pays en guerre civile et face à une situation difficile. Vous avez pris la décision qui vous semblait juste en analysant les données que vous aviez. C’est pour votre bien que je vous dis tout cela. » narra le psychanalyste, le ton se voulant convaincant et ferme à la fois.
« Justement j’ai mal agi, j’ai mal fait mon travail. On me paie pour analyser les ennemis, pour juger les personnalités des autres et pour régler les conflits, pas pour les envenimer en me trompant. Si je ne sais même plus discerner quand un homme me ment, en quoi suis-je utile à l’armée Docteur ? » demanda-t-il sincèrement. C’était là la vraie problématique de cette histoire. Henri n’avait plus confiance en lui et en son travail. Il ne pouvait concevoir être responsable d’hommes. Pas pour le moment.
« L’armée ne vous a pas sanctionné pour le 28 Janvier, cela prouve bien que vous n’avez rien à vous reprocher. Reposez-vous pendant la fin de votre congé maladie, prenez le temps nécessaire avant de retourner le terrain et rester au repos. Vous savez que vous allez devoir passer un examen psychologique avant de reprendre le travail, préparez-vous à répondre aux questions dérangeantes. Dans votre état actuel, je doute que vous le réussissiez. Alors soignez-vous et continuez vos médicaments. Le traumatisme s’atténuera, vous le savez aussi bien que moi. Mais surtout Henri, cessez de vous tourmenter inutilement. » expliqua le Docteur Durand. L’examen psychologique, l’épreuve tant redoutée des soldats à la suite de traumatismes. Habituellement c’était son travail de le faire passer et de poser les questions douloureuses pour juger de l’habilité d’un militaire à retourner le front. L’armée utilisant son pouvoir de déduction pour deviner si mensonge il y avait. Dans son cas, il savait qu’il allait devoir y passer. Que lui aussi allait devoir répondre aux interrogations appuyant volontairement sur les points sensibles des événements passés. Henri était un bon menteur, berner le psychologue en charge de l’examen n’allait pas être difficile. Seulement voilà, son état physique parlait pour lui. Prouvant la dure réalité. Il n’allait pas bien. Pas bien du tout. Des phrases préfabriquées ne pourraient guère le dissimuler. Il n’était pas apte à travailler.
Appartement de Henri Le Gall - Paris 10ème, 20 Avril
Le réveil en sursaut d’un sommeil agité. Le corps en sueur malmené par les tourments le submergeant. Les vertiges l’assaillant. L’océan l’engloutissant dans les profondeurs de la nuit. Quatre heures du matin. Chaque soir la même chose depuis son retour de Centrafrique. Le scénario était tel un cercle vicieux et se répétait sans cesse. Les cauchemars revenaient le hanter. Les morts dont il était responsable venaient lui tenir compagnie dans son lit. Ils s’infiltraient à chaque seconde. Henri les voyait partout. Il n’arrivait pas à les oublier. L’image des corps sans vie sur le sol était restée imprégnée dans sa mémoire. Il était le coupable de ce carnage. Il n’avait pas appuyé sur la détente, il n’avait pas porté le coup final mais il avait armé les canons. C’était pire que tout. Il avait entraîné six soldats et deux civils dans une mort certaine à cause d’une erreur de jugement. Il avait cru lire de la vérité sur le visage du chef des rebelles. Il pensait en tout cas. Finalement, l’homme s’était joué de lui comme aucun ne l’avait fait auparavant. Il l’avait berné et il avait réussi. Mentant délibérément à celui censé analyser les situations. C’était l’ironie de l’histoire. Il avait plongé comme un naïf. Comment pouvait-il se faire confiance à présent ? Comment pouvait-il envisager de recommencer son travail alors qu’il était devenu si facilement bernable ? C’était impossible. Inconcevable. Jamais, un incident de la sorte ne lui était arrivé. La prudence pour les soldats sous son commandement c’était son maître mot. Il acceptait de prendre des risques pour sa personne mais pas pour les autres. Jamais, il n’avait fait d’erreur de jugement. Jamais, il n’avait perdu d’hommes. Jusqu’à ce fameux jour. Le 28 Janvier 2014 restait ancré dans son esprit. Il n’avait pas oublié une seule seconde de cette journée. Repassant perpétuellement le film de cette discussion, analysant le moindre débris de souvenirs qu’il avait. Il ne remarquait rien d’anormal, c’était le pire pour lui. Il avait commis une erreur mais il ne savait pas à quel moment, ni comment. Henri se leva du lit trempé par les terreurs nocturnes et se dirigea vers sa platine à vinyle. Il en profita pour mettre « Gymnopedie » d’Erik Satie. La musique classique l’apaisait quelques minutes durant et l’empêchait de trop réfléchir. Elle éloignait les démons de ses nuits et ralentissait les fantômes l’irradiant. Ses pas le guidèrent jusqu’à sa salle de bain. Il fixa son reflet dans le miroir de son meuble. Les grandes cernes violacées sous les yeux, le teint pâle limite blafard. Il avait mauvaise mine. Presque celle d’un cadavre.
« Tu fais peur à voir Le Gall » dit-il à lui-même. La solitude l’entraînait parfois dans des dialogues avec lui-même. Si un soldat lui avait annoncé qu’il parlait seul, il l’aurait sûrement pris pour un fou et aurait vu là un signe clinique de troubles psychiques. Fou peut-être le devenait-il. Il ouvrit la porte de son meuble et attrapa la boîte de médicaments à base de paroxétine. Il en avala deux d’un coup, c’était plus que la posologie conseillée mais cela n’avait pas d’importance. C’était le seul remède éphémère efficace contre ses angoisses et sa paranoïa. Le seul qu’il pouvait prendre pour calmer le flux d’émotions qu’il ressentait chaque fois qu’il mettait le pied dehors. Ce sentiment d’inconfort qu’il avait et cette impression d’être fixé par tous les passants. L’anti-dépresseur tranquillisait ses sautes d’humeur et le modérait lorsqu’il déraillait. Il se déshabilla et prit une douche. L’eau froide servant à le soulager. Il resta de longues minutes dessous. Profitant de chaque goutte sur son corps, repoussant ses pensées négatives. S’imprégnant du bruit de l’eau sur son être. Il se sentait presque bien. Presque normal.
Bureau du Général Martin – Saint Cyr, 28 Avril
Trois mois exactement. Le carnage datait de trois mois à présent et pourtant Henri avait toujours ce sentiment désagréable que la mission s’était produite hier. Aujourd’hui était un jour très important pour lui. Il avait rendez-vous avec le Général Martin son supérieur hiérarchique, responsable du 4ème bataillon, régiment dont l’officier sous contrat spécialiste en sciences humaines dépendait. Malgré son état physique et psychique mauvais, il avait pris soin de s’habiller correctement. Il le savait pertinemment, l’apparence était d’une importance capitale. Servant à dissimuler des maux, les personnes se concentrant d’abord sur les vêtements avant d’analyser le reste. Il avait enfilé une chemise ajoutée d’un pull en cachemire avant de se vêtir de son pardessus. Il avait ensuite pris la route jusqu’à Saint Cyr pour y retrouver le général. Il pénétra dans le grand bâtiment et s’installa confortablement sur une chaise devant le bureau de son supérieur. Il remit correctement son col de chemise qui s’était défait. Faire une bonne impression c’était très important, surtout qu’il ne connaissait pas l’objet de ce rendez-vous. Il avait simplement reçu un appel de la secrétaire du Général Martin lui annonçant qu’il désirait le voir assez rapidement. Henri était inquiet. Peut-être que le Docteur Durand avait fini par prévenir l’armée de l’état psychique de son patient. Il espérait que non. Il ne voulait pas que les militaires soient au courant. Il attendit de longues minutes sans un bruit, son pied gauche tapant nerveusement le sol. Dix minutes. Vingt minutes. Le temps semblait infini. Finalement, un petit homme trapu d’une cinquantaine d’années sortit du bureau en uniforme militaire. Les décorations obtenues mises en évidence sur la veste.
« Bonjour Capitaine Le Gall » commença-t-il le ton ferme mais pourtant chaleureux. Henri le regarda, le salua officielle avant de prendre la parole.
« Bonjour Général Martin » répondit-il poliment. Les deux hommes rentrèrent dans la grande pièce servant de bureau et s’assirent tous les deux.
« Comment allez-vous Henri ? Vous semblez fatigué » demanda le supérieur. Quand on lui demandait s’il se sentait bien, Henri avait pris l’habitude de mentir. Ne pas avouer la réalité qui était sienne lui semblait plus aisé. Ne pas expliquer qu’il perdait pied et qu’il avait cette sensation de s’enfoncer. Ne pas dire que chaque nuit il se réveillait avec cette impression d’avoir les cadavres en décomposition de ses camarades auprès de lui. Ne pas confesser que leurs fantômes le hantait, l’accusant de leurs morts. Ne rien dire de tout cela. Se taire et avancer.
« Je me porte bien, un peu de manque de sommeil tout simplement. » affirma-t-il , la voix se voulant convaincante. Le Général le fixa dans les yeux, le regard ampli d’une autorité certaine et d’une assurance non dissimulée.
« Si je vous ai fait venir, ce n’est pas sans raison vous vous en doutez. Il y a quelques jours, un ami à vous m’a contacté, le Général Adams, militaire dans l’armée américaine. Il semblait inquiet de ne pas avoir eu de vos nouvelles depuis deux mois. » narra le Général. Elle était donc là, la raison de sa venue aujourd’hui. Le Général Adams l’avait appelé, il aurait du s’en douter auparavant. Père de Daisy Adams avec qui il avait vécu une histoire d’amour il y a maintenant presque dix ans, il avait gardé le contact avec le militaire avec qui l’entente était cordiale. Monsieur Adams avait pris soin de le conseiller dans ses choix professionnels lorsque Henri avait décidé de s’engager. Depuis son retour de Centrafrique, il n’avait pas eu le courage de lui téléphoner pour donner de ses nouvelles. Il avait eu peur des questions dérangeantes.
« Je suis désolé, je ne voulais pas vous importuner et encore moins vous causer des tourments » s’excusa-t-il confus et presque honteux.
« Ne vous tracassez pas Capitaine, c’est toujours très agréable de converser avec un collège. Lui comme moi, nous nous préoccupons de votre santé. » confessa-t-il chaudement. Tout l’entourage d’Henri était dans le même état depuis son retour. Chacun se demandant ce qui s’était passé sur place pour qu’il revienne si malmené. Ses parents. Ses frères. Sa sœur. Ses amis bien que peu nombreux. Tous lui posaient les mêmes questions perpétuellement. «
Tout va bien Général, je me sens bien. » dit-il en mentant pertinemment. Encore une fable pour dissimuler son état. Qui cherchait-il à convaincre ? Lui ou le Général ?
« Pas de mensonge avec moi Le Gall. Je vous connais depuis que vous vous êtes engagé, vous êtes un très bon élément mais vous vous impliquez trop dans vos missions, heureusement vous réussissez à contrôler. Je vois bien à votre visage que cette fois c’est différent. Vous avez dépassé vos limites et c’est d’ailleurs pour ça que la conversation avec le Général Adams a été très productive. » avoua-t-il, en jouant avec le stylo présent sur son bureau. Ne pas s’impliquer tel était le mot d’ordre des supérieurs d’Henri depuis son engagement. On lui demandait de ne pas en faire trop, de rester en retrait. Mais comment était-il supposé analyser les situations et les personnes sans s’impliquer émotionnellement ? C’était impossible. Personne ne semblait apte à le comprendre.
« C’est mon travail de faire ça, vous le savez monsieur. La conversation, que vous a-t-elle apportée ? » demanda-t-il perplexe. Le Général allait-il lui indiquer qu’il avait décidé de rompre son contrat et qu’il ne souhaitait plus le voir sur le terrain ? Dans l’esprit d’Henri, le chemin semblait tout tracé et la direction prise par la conversation le dérangeait étrangement.
« La base où vit sa fille connaît actuellement quelques problèmes. Ils ont répertorié des suicides, des troubles psychiques chez leurs soldats et plus récemment une agression homophobe. Je sais que ce genre de sujets vous intéresse particulièrement alors j’aimerais que vous vous rendiez sur place quelques semaines. Changez d’air quelques temps. » proposa-t-il, la voix pleine de gentillesse. Henri fut étonné par les propos de son supérieur et le fixa quelques secondes. A vrai dire, il était surpris par la proposition qui lui était faite, ce n’était pas habituel. Il lui était arrivé par le passé et depuis son engagement d’opérer quelques fois en tant que consultant libre aux Etats-Unis, mais il l’avait toujours fait de lui-même. On ne lui avait jamais proposé.
« Et mon travail ici mon Général ? » interrogea-t-il inquiet. Il avait besoin de savoir après tout il était censé reprendre le chemin de son emploi dans les prochaines semaines. Il était vrai qu’il n’était pas en état de le faire mais officiellement c’était le cas.
« Je ne voudrais pas sembler discourtois mais votre tête m’indique que vous n’êtes pas apte à reprendre du service. J’ai déjà pris soin de contacter le chef de la base, Jack Fenton Rhodes, il serait ravi de vous accueillir à Redstone et de recevoir vos conseils. L’armée vous paiera pour ce travail évidemment. » répondit le Général en fixant son regard sur les cernes marquées par la fatigue d’Henri.
« Oui ce genre de missions m’intéresse monsieur, mais je ne peux pas me permettre d’abandonner les tâches qui me sont confiées alors que je devais reprendre dans deux semaines. » expliqua-t-il pour convaincre son supérieur.
« Le lieutenant Voisin vous remplacera très bien durant votre absence. Vous l’avez parfaitement formé, il n’est pas comme vous mais en cas de soucis majeurs nous vous contacterons. Je ne vais pas vous mentir Capitaine, c’est soit Redstone, soit le repos forcé avec obligation de consulter un psychologue militaire durant les prochaines semaines. » indiqua le général Martin. Autant dire que le repos forcé c’était la manière distinguée de lui annoncer qu’il risquait une mise à pied ou une affection dans un bureau pendant plusieurs mois. Rien de particulièrement intéressant. Il n’avait donc pas vraiment le choix. Redstone pouvait peut-être s’avérer comme une option pertinente. Il était vrai que la situation psychologique des soldats l’avait toujours passionné et surtout le mal-être des vétérans. L’homophobie dans l’armée l’intriguait encore plus. Il ne comprenait pas cette recrudescence d’agressions ou de propos désobligeants des derniers mois.
« Très bien j’accepte. » dit-il en baissant les armes. Le général ne masqua pas le petit sourire apparaissant sur son visage. Il était heureux d’avoir réussi, on pouvait presque le sentir.
« Je savais que vous feriez le bon choix. » déclara le militaire.