La poussière lui piquait les pupilles, avec le temps, elle avait naïvement cru qu’elle finirait par s’habituer à cet endroit. C’était une erreur de plus à ajouter sur la longue liste que tenait son géniteur. L’épave corporelle de ce dernier était étalé à-même le sol, Hope soupira longuement en écartant la seringue du pied. Son petit corps se pencha en avant pour ramasser les cadavres de canettes qui le barraient la route. Du salon, du miteux et pitoyable logement dans lequel elle avait appris à lire, marcher, parler, elle pouvait entendre les gémissements faiblards de sa petite sœur. Une main sur le front, elle glissa sa fine masse entre une énorme pile de journaux, vestige de l’accumulation des objets qui ne servent à rien, mais qui étaient présent pour meubler. A sept ans Hope avait les responsabilités d’une adulte, mais hélas, pas les moyens de ces derniers. «
Hanna ? Je t’ai apporté tes médicaments… » Murmurait-elle si fébrilement qu’on aurait certainement pu croire qu’elle avait peur de réveiller les morts. Ou son père, en manque d’une dose ou deux. La gamine laissa tomber son sac-à-dos sur le sol, elle y sortit une boite d’antibiotique que le dealer du coin lui avait vendu contre deux billets. Billets qu’elle avait volés à Sarah, la petite peste de l’école dans laquelle Hope faisait acte de présence. D’un geste profondément maternel, elle aida sa petite sœur à se redresser enfonçant les cachets entre ses lèvres. La vie lui avait souvent appris qu’il fallait protéger les siens, envers et contre tous, que la famille était ce qu’il y avait de plus sacré. Et cette famille ici, c’était Hanna. La petite fille aux cheveux couleurs blés mima une grimace de déplaisance. Hope lui caressait le haut de son crâne, prêtant une oreille attentive à la moindre demande. «
J’ai faim….mais papa a crié quand j’ai voulu manger, il m’a dit qu’il n’y avait plus rien. » Les petites mains de Hope caressaient tendrement le haut de son crâne, de temps en temps, elle laissait tomber ses doigts sur le front trempé de la petite afin de prendre sa température. Elle leva les yeux aux cieux, sa langue claquant contre son palet. «
Je vais aller te chercher quelque chose, surtout ne bouge pas d’ici d’accord ? Et si tu entends du bruit, garde bien le couteau à côté de toi. » Ses lèvres d’enfant abimé par la vie se posèrent délicatement sur le front de la petite. Hope reporta son sac-à-dos contre son épaule, elle baissa son large bonnet jusqu’à ne voir que ses pieds, de nouveau elle reproduisait le processus dangereux qui la menait jusqu’à l’extérieur du bâtiment. Lorsqu’elle tomba sur le corps endoloris de son père, elle resta un instant face à lui, le toisant avec une sorte d’amour contradictoire puis elle secoua son visage et s’engouffra dans les ruelles de New York.
La musique était assourdissante, Hope pouvait l’entendre de l’extérieure, elle fixait la neige qui semblait vouloir recouvrir tout ce qui se trouvait sur son passage. Madame Wang n’allait pas tarder, alors elle était sage, elle s’amusait à dévisager les passants, à imaginer ce que pouvait être leur quotidien, les couples, les enfants, les solitaires, elle aimait observer ce qui l’entourait. Parce qu’au fond, elle espérait toujours y trouver le visage de sa mère, de voir cette femme accourir jusqu’à elle et l’enlacer contre sa poitrine en lui murmurant des mots d’amours. La colère l’envahissait de part en part chaque fois qu’elle y pensait et pourtant elle ne pouvait pas s’empêcher d’imaginer ce qu’aurait été sa vie si elle n’était pas partie. Si seulement, elle se souvenait de son prénom. «
Hope…tu peux entrer….mais je te préviens tu fais vite parce que cette famille ne rigole pas. » La petite blonde lança un sourire jovial tout en essuyant la cendre sombre sur son visage d’un geste vif. Hope aimait beaucoup madame Wang, chaque fois qu’elle avait besoin de nourriture, elle la faisait entrer dans les cuisines d’une grande réception et Hope pouvait passer des heures et des heures entières à observer ces gens qui lui semblaient hors de portés. Boucle d’or s’engouffra à l’intérieur, la chaleur des cuisines la prenait au corps. «
Tiens, tu peux prendre tout ce qu’il y a sur la petite table, comment va Hanna ? » Hope s’exécuta, écartant les extrémités de son sac à dos, elle commença par fourrer une tranche de pain entre ses lèvres tout en fourrant tout ce qu’elle jugeait consistant à l’intérieur. Il fallait faire vite, il fallait que ce soit rapide et sans bavure c’était ça la vie de la rue. Elle avala le bout de pain comme un petit ogre, manquant de s’étouffer au passage. «
Elle a encore un peu de fièvre, mais elle va aller mieux, elle est forte c’est une Vancker ! » La voix fluette de la gamine faisait toujours rire l’entourage de la petite, comment une enfant aussi jeune pouvait-elle tenir un discourt aussi mature ? C’était ce que les gens se posaient comme question. Hope ne s’en souciait pas, de nouveau le sac s’était retrouvé à sa place initial tandis qu’elle remercia madame Wang d’un large sourire et qu’elle s’apprêtait à sortir des cuisines, elle tomba nez-à-nez avec l’un des riches de la soirée de charité. Il était un peu plus grand qu’elle, mais guère plus âgé. Du moins c’était ce qui lui semblait. Son visage de poupée s’était tordu si fort qu’elle vit celui du gamin rougir. «
Désolé…je…je… » «
T’en fais pas va…c’est pas très grave. » La main du petit garçon c’était soudainement retrouvé sous le nez de la gamine. «
Moi c’est Liam…mes parents organisent cette soirée de charité. » «
Et tu ne devrais pas être là-bas ? » Murmurait-elle aussi bas qu’elle le pouvait. Il s’était mis à rire, d’un rire étrangement communicatif car la petite blonde s’était surprise à sourire. «
Et toi tu ne devrais pas voler ! La moindre des choses c’est de se présenter… » Les joues de blondie viraient au rouge, sous l’œil bienveillant de madame Wang. «
Hope. Hope tout court. » De nouveau ce rire résonnait. «
T’es marrante et mignonne, mais un peu mal-vêtu. » Hope fronça ses sourcils, prête à répliquer, mais les talons aiguilles qui résonnaient au loin l’en empêchèrent. «
Liam ! Qu’est-ce que tu fiches ici ? Et qui est cette fille ? » Hope dû lever son visage à s’en tordre le cou pour voir la femme, certainement la mère de ce prétendu Liam. Elle s’apprêtait à courir lorsqu’elle sentit la main du petit garçon l’attraper. «
Mère, c’est une amie. » La petite fille observait la scène avec une curiosité presque affligeante et craintive. Mais, à son grand étonnement la femme murmura quelques mots et tourna les talons. Effrayante. Hope repoussa l’emprise du jeune garçon avant de tirer sur son bracelet en perle bon marché, un bracelet qu’elle avait volé. «
Tiens, c’est pour la nourriture. » Il semblait déconcerté, alors elle ajouta. «
Je ne suis pas une voleuse, enfin si j’en suis une, mais ce n’est pas ce que tu crois…faut que j’y aille salut ! » Et sans un mot de plus, la petite voleuse poussa la porte des cuisines et s’engouffra au milieu de la foule. Survivre, c’était le plus important.
Il se tenait face à elles, de grosses perles salées inondaient son visage creusé et vieillit par la drogue, l’alcool et la cigarette. Pourtant, jamais Hope ne l’avait trouvé aussi touchant, alors que de ses bras frêles il enlaçait la petite Hanna. Hope, elle, attendant sagement, les mains à l’intérieur des poches de son manteau arc-en-ciel. Il faisait froid, le vent s’infiltrait sous ses vêtements l’homme qui se trouvait derrière elle lui faisait peur. Toutefois, elle ne devait pas flancher, car si elle montrait le moindre signe de défaillance Hanna finirait par paniquer. La petite Hope tira sur son pull troué jusqu’à ses genoux abîmés lorsque le visage livide de son père se retrouva si proche d’elle qu’elle pouvait sentir les effluves d’alcool. «
Tu seras bien avec eux, tu auras une nouvelle vie, tu vas voir, ils ont beaucoup d’argent, je t’aime Hope, qu’est-ce que tu peux lui ressembler ma petite fille. » Il sanglotait, mais Hope ne montrait aucune émotion et lorsqu’il la serra contre sa poitrine avec le peu de force qui lui restait, elle laissa ses bras longer le long de son petit corps. Pourtant, son cœur se tordait de douleur, sa haine grandissait, elle haïssait ce monde, la drogue, l’argent, son père, sa mère, ces hommes, elle se haïssait de n’être qu’une enfant. Elle ravala un sanglot tandis que sa main caressa la nuque de son père. «
Prends soin de toi papa. Essaye de te soigner et viens nous chercher ok ? » Elle pouvait entendre le rire étouffé de l’homme, elle n’était pas naïve, la sentence était tombé à la minute même où l’argent que son géniteur allait dépensait dans la drogue lui était tombé entre les mains. Mais Hope était une grande optimiste, elle vivait dans les peut-être, dans la probabilité qu’un être humain puisse changer et c’est ce qui finirait par la détruire. Son père relâcha la pression, il tourna le dos à ses deux petites filles pendant que Hanna se blottissait contre sa grande sœur. L’homme à l’accent à couper le couteau poussa les deux petites filles à l’intérieur de la grande voiture aux vitres sombres, le chauffage était poussé au maximum. Hanna pleurait encore et encore, Hope, elle, ne cessait de toiser l’homme. «
T’inquiètes pas ma petite, le boss vous aime bien enfin surtout toi, va savoir paraît que son fils t’as croisé en train de volé du coup c’est son petit caprice. » Hope colla son front contre la vitre, elle voyait la silhouette rachitique de son père au loin. Elle était si fatiguée de vivre. Si fatiguée de combattre.
« Tu en fais une de ces têtes, le jour de ton mariage… » Hanna avait pris cet air juvénile et moqueur qui la caractérisait tant, cette bouille angélique qui faisait craquer Hope. La grande blonde tira sur sa robe, observant une dernière fois son reflet dans le miroir, elle posa ensuite son regard sur la jeune Hanna si belle dans sa robe rose. Tout aurait été parfait, si ce n’avait pas été elle, avec cet homme qu’elle n’aimait pas, qu’elle épousait par peur, par obligation. Tout aurait été parfait si Hope n’avait pas de nouveau remarqué les vestiges de la drogue sur le bras de sa petite sœur. D’un geste vif elle attrapa le bras de la jeune femme, le serrant à s’en faire mal. «
Dis-moi que je rêve Hanna ? » Immédiatement la jeune et jolie Hanna s’était métamorphosée en ce que Hope méprisait le plus au monde, une droguée, une droguée et ses crises, une droguée et ses mensonges et ce manque. «
Lâche-moi ! On n’a pas toute la chance d’épouser le roi de la pègre russe ! Je m’occupe comme je le peux madame le médecin ! » La tristesse se lisait sur le visage de la jeune mariée et pourtant, elle fit fasse au regard foudroyant de sa sœur. «
La prostitution fait partie de tes occupations ? » Elle l’avait dit calmement, plus comme une constatation qu’un reproche, mais ce n’était pas le cas de Hanna qui commença à hurler à s’en déchirer les poumons. «
Tu te crois parfaite toi ?!!! Tout ça parce que t’es la plus âgée, que c’est toi que papa préférait.. » «
Tu sais bien que c’est faux Hanna » Soufflait-elle du bout des lèvres, le regard meurtris par les propos de sa petite sœur. «
Si tu voulais vraiment me protéger tu n’aurais pas laissé ces types nous emmener, résultat c’est toi qui devient la reine de la mafia ma grande ! Tu es la complice de toutes les horreurs que ces types font ! » Hope leva sa main dans les airs et une seconde plus tard sa main se retrouva contre la joue rosie de sa petite sœur. Geste qu’elle regretta immédiatement. «
Je suis désolé Hanna…je ne voulais pas, mais tu… » La petite droguée la repoussa violemment. «
Laisses tomber Hope, tu ne vaux pas mieux que maman. » Sans un mot de plus la seconde fille de la famille venait de sortir de la chambre de la jeune mariée. Hope se laissa tomber, ses mains se posèrent contre son visage afin d’étouffer ses sanglots. Elle ne savait plus combien de temps ça lui avait pris pour reprendre ses esprits, combien de temps elle s’était repassé le film de sa vie. Comme souvent lorsqu’elle s’endormait dans les bras de cet homme qu’elle haïssait sans trouver la solution qui lui permettrait de s’en sortir vivante tout en protégeant Hanna. Elle ne savait plus, pourtant elle savait une chose, Hanna avait raison, car avec ce ‘’oui’’ qu’elle avait prononcé à l’église, elle venait de sceller à jamais son innocence.
Les jours passaient et se ressemblaient tous plus ou moins. Chaque fois qu’elle posait un pied à terre elle avait cette peur qui lui rongeait l’âme, chaque fois qu’elle regardait sa sœur s’autodétruire avec impuissance, elle se sentait coupable d’être si faible. Chaque jour était son supplice personnel, elle avait cherché son père, mais il avait disparu, il était devenu ce que beaucoup de drogués deviennent au fil du temps, une simple ombre parmi les ombres. Elle, elle devenait ce que toute femme de chef de la pègre devenait, une ombre, une violentée, une victime, une prisonnière. Pourtant, après avoir subi des atrocités sans nom, elle avait gagné le droit de travailler en dehors de toutes les magouilles de son mari. L’hôpital était le seul endroit où elle pouvait être elle-même, c’était l’endroit qu’elle chérissait le plus au monde, c’était dans ces couloirs blancs qu’elle se sentait utile, qu’elle pouvait rire à s’en faire mal, pleurer lorsqu’elle perdait un patient, elle pouvait être simplement elle-même. Et en ce jour de printemps, en cette année où elle avait scellé sa vie avec un homme qu’elle méprisait, où chaque fois qu’elle entrait ici elle ôtait son alliance comme si cette dernière lui rongeait la peau. Ce fut ici, dans cet hôpital de New York qu’elle a rencontré celui qui allait changer sa vie. «
Hope ! T’as un patient en urgence, blessure de bricolage, un truc du genre, le gars serait tombé sur un tournevis, bref sa main est plutôt mal au point. » Hope réajusta sa longue queue de cheval blonde tout en fermant son casier dans lequel elle venait de déposer son paquet de cigarette. Fumer lui permettait de tenir le coup, à chacun sa drogue. «
J’arrive, mais pourquoi tu t’en charges pas toi Olivia ? » Olivia était une amie, une véritable amie qui ne la jugeait pas, qui connaissait tout ce qu’elle avait traversé, mais Olivia était aussi un sacré phénomène. «
C’est-à-dire qu’il veut absolument que ce soit toi Hope, je crois que t’as un admirateur, je pense même qu’il s’est fait mal rien que pour te parler. » Elle pouffa de rire, de ces rires communicatifs qui vous donne le tournis. Hope ria de bon cœur tout en se dirigeant jusqu’aux urgences où se trouvait l’homme. Elle ne quittait pas son dossier des yeux, et lorsqu’elle se retrouva face à lui, elle ne daignait pas le regarder. Tirant le petit tabouret roulant, elle prit place, enfilant une paire de gant. «
Bien, monsieur Broyles, je vais d’abord vérifier la profondeur de la plaie et voir si on peut soigner tout ça ici ou si je vais devoir vous envoyer en chirurgie. » La main du jeune homme s’était retrouvée dans celle de la blonde, la plaie n’était pas profonde, elle lui offrit un sourire avant de s’exclamer. «
LA VACHE ! » «
Quoi qu’est-ce qu’il y a ? » Hope se rendait compte que c’était la première fois qu’elle l’entendait et s’était mise à rougir tandis qu’elle attrapait les outils médicaux nécessaires pour recoudre le maladroit. «
Rien, juste je m’attendais pas à ce que vous soyez aussi mignon, je veux dire, habituellement les seuls fanatiques que j’ai ce sont des ivrognes assez âgés, du genre un peu dégoutant mais pas méchant, enfin bref…désolé… » Elle mima une grimace enfantine. «
Je m’appel Peter Broyles » «
Je sais, j’ai lu votre dossier…. Et voilà ! C’est comme neuf, je vais vous faire une ordonnance pour les anti-inflammatoires, la pommade et il faudra revenir d’ici une bonne semaine pour enlever les points. » Elle se leva tapotant vivement la blessure de l’homme en question en souriant. Son corps se pencha sur le petit carnet d’ordonnances sur lequel elle gribouilla quelques mots. «
Euh, Hope c’est ça, est-ce que je peux vous parler seul à seul un instant ? » Le bruit du papier qui se déchirait coupa le silence que la blonde venait d’installer. Elle pivota sur elle-même, tendant le papier en question en direction du fameux Peter. D’un large sourire elle s’exclama joyeusement. «
Agent Broyles, il y a des techniques moins dangereuses que le fait de vous scarifier pour parler et avoir des informations sur la parrain de la pègre russe. » Elle pouvait voir les paupières du jeune agent cligner encore et encore. «
Mais comment ? » «
Je suis blonde, mais pas à ce point. Demain matin à huit heures tapante, le café en face de l’hôpital, je ne suis pas surveillée, je vous donnerai ce que vous voulez, mais ce ne sera pas gratuit. » Sa main se posa sur l’épaule de l’agent aux cheveux bruns. Elle avait peur, très peur, à en mourir même, mais c’était sa chance, celle de sortir sa sœur de ce milieu même si pour cela elle finirait certainement avec une balle entre les deux yeux.
Il pleuvait à torrent cette nuit-là. Il était tard et le bruit de ses talons aiguilles résonnaient dans la cour de la vaste demeure de la pègre. Un vase s’était brisé, ce qui fit sursauter la jeune Hope, elle ne s’en inquiéta cependant pas plus que cela, car elle se disait qu’il s’agissait ici d’une autre des nombreuses maladresses de l’un des domestiques. Elle aurait dû s’en inquiéter, car lorsqu’elle entra, lorsque son sac tomba contre le sol, lorsqu’elle vit les mains larges et puissantes de son mari autour du cou de sa petite sœur elle hurla de toutes ses forces. De toute son âme, de tout son cœur, elle s’était jetée sur son époux avec hargne, avec cette force d’une louve prête à y laisser la vie s’il le fallait pour que ses bébés ne survivent qu’un instant de plus, même si cela voulait dire quelques secondes. La scène lui semblait être au ralentit, son corps s’était violemment projeté contre le marbre. Elle étouffa un hurlement de douleur, lorsque ses pupilles se posèrent sur l’arme brillant sous la lumière de la lune que son mari venait de pointer sur sa sœur. La jeune Hanna implorait, suppliait, elle ne comprenait pas disait-elle entre deux sanglots, elle était à genou, le visage abîmé par les cours. «
S’il vous plait je ne sais rien, je vous jure que je n’ai rien fait…. Pitié… » La main de Hope s’élança dans le vide face à elle, ses jambes étaient tenues par les gardes du corps de la famille. Et puis boum. Un bruit sourd, infernal venait de résonner à l’intérieur de la vaste demeure, Hope n’eut même pas la force de hurler, ni même de pleurer, lorsqu’elle sentit la pression sur ses jambes s’amoindrir elle se précipita jusqu’à Hanna. Enlaçant son corps de femme contre le sien, elle la berçait comme lorsqu’elle était enfant et elle pleurait, enfouissant son visage dans les cheveux blonds de sa sœur. Le liquide rouge s’éparpillait sur elle. «
Pourquoi…. » Murmurait-elle faible, épuisée par cette vie. «
Ta sœur est la pute du FBI, elle était une taupe, elle le méritait. » La main puissante du mafieux se posa autour du cou de Hope, il la toisait avec haine, elle, elle n’avait plus la force de lutter. ‘’c’était elle la taupe, elle, l’erreur, son erreur.’’ Mais même ça, elle n’avait pas la force de l’avouer. «
Débarrassez-vous du corps… ! » Dans un dernier mouvement de panique, Hope s’était débattue en vain, elle ne voulait pas quitter Hanna, alors elle hurlait, elle hurlait encore et encore à en avoir mal à la gorge. «
HANNA !!!!!!!!!!! » Sa voix résonnait, elle faisait échos, pendant qu’on l’arrachait, qu’on l’éloignait de la seule raison qui avait fait d’elle celle qu’elle était. Sa seule famille.
Elle avait froid, c’était tout ce dont elle se souvenait de cette nuit-là, il n’y avait pas eu d’enterrement pour Hanna, son corps n’avait jamais été retrouvé par ailleurs. Il n’y avait pas eu de hurlements, de supplications, juste le silence le plus difficile qu’elle avait eu à entretenir. Puis, il y avait eu la mise en prison de son mari contre lequel elle avait témoigné. On l’appelé la petite fée de l’Amérique et elle trouvait ça de mauvais goût. Son visage avait été masqué à chacune de ses apparitions publiques. Puis, Hanna Romanof était décédé dans un accident de voiture. Tout simplement. Aujourd’hui, elle se trouvait à mille lieux de tout ce qu’elle avait imaginé. L’agent qui s’était chargé de sa sécurité lui tendit ses nouveaux papiers d’identités. Elle les caressait avec un sourire mélancolique puis porta son doigt sur le pendentif autour de son cou. «
Iris Vanker, Coroner, j’aime bien. » L’agent passa son bras autour des épaules de la jeune blonde, un sourire paternel accroché sur son visage. Le genre de sourire dont elle avait eu besoin enfant. «
Quelqu’un veut te voir avant que tu ne partes, il n’est pas au courant de ta destination, lorsque tu seras là-bas l’un de nos agents sous couverture te protégera. » D’un geste vif, elle enlaça l’homme aux traits las de fatigue, elle pouvait voir en lui les horreurs qu’il avait vu, les monstres qu’il avait combattu. «
Merci. » Murmurait-elle avant de sortir, le soleil l’aveuglait partiellement, mais il était là. Il s’approchait d’elle avec prudence, certainement par peur de la casser plus qu’elle ne l’était. «
Peter… » Elle se forçait à sourire, à effacer le deuil de ses traits fins, de masquer la fatigue, les démons qui la hantait. Il l’enlaça de toutes ses forces, si fort qu’elle crut qu’elle allait suffoquer et elle pleura, pendant de longues minutes, de très longues minutes. «
Je suis désolée, je n’ai pas tenu la promesse que je t’ai faite pour Hanna, mais il ne t’arrivera rien Hope. » Elle souriait, entre deux sanglots, s’éloignant avec douceur de l’agent qui avait changé sa vie. «
Iris, c’est Iris maintenant. Ce n’est pas de ta faute Peter. Tu vas me manquer. » Dans un dernier élan de tendresse, elle le sera contre elle puis s’élança jusqu’à l’avion qui devait l’emmener loin de New York, loin de son passé, loin de Hope.