Alexis posa son carton en regardant autour d’elle. Cette chambre n’était pas si mal et surtout, elle quittait enfin la base. Elle se sentait déjà plus libre. Enfin presque. « C’est bon, tu as tout ? » Elle se tourna vers la porte où se tenait Noam. Son colocataire qui doit aussi la surveiller. « Oui, merci. » Elle ne savait pas trop comment se comporter avec lui. Après tout, elle ne connaissait rien de lui. Et lui non plus. « Ecoutes, j’ai pas l’intention de passer mon temps à te surveiller, même si c’est ce que mon père m’a demandé. J’ai accepté de te prendre avec moi parce que Rozenn t’adore. Donc, détends-toi. » Elle eut alors son premier vrai sourire dans cette ville. « Merci. » Il hocha de la tête et quitta la chambre. Elle ouvrit un carton avant de finalement s’arrêter. Elle sortit à de la chambre à son tour. Elle trouva Noam dans le salon. « Ca te dit que je nous prépare à manger ce soir ? Pour te remercier de m’accueillir. Et je fais des lasagnes à tomber ! »

La porte d’entrée s’ouvrit et se referma. Un sourire se dessina automatiquement sur les lèvres de Lexie. Quelques instants plus tard, les bras de Noam étaient autour d’elle. « Rentrer pour trouver une jolie fille à la maison, c’est vraiment le rêve. » murmure t-il à son oreille. Elle se tourne alors vers lui pour l’embrasser. Presque un an qu’elle vivait chez lui et il y a quelques mois, les choses avait changer petit à petit. Et une nuit, alors qu’il rentrait d’une garde à l’hôpital, ils avaient d’abord commencé par s’embrasser avant que les choses ne deviennent bien plus sérieuse. Si au début, ils avaient eu peur de la différence d’âge et de ce qu’aurait pu penser leurs familles respectives. Avant de tout simplement se décider à profiter de l’instant présent. Ils étaient heureux ensemble et c’était tout ce qui importait pour le moment. « J’ai préparé le diner. Je me suis dit que tu aurais faim en rentrant de l’hôpital. » Il lui fit alors un sourire des plus tendres. « Je t’aime, tu sais ? » Elle en reste un instant abasourdie. Si elle avait eu envie plusieurs de prononcer ses mots, elle ne l’avait jamais fait. Et lui non plus. La surprise passée, un sourire s’étira davantage sur son visage. « Je t’aime, aussi. »

Elle reposa son téléphone en fronçant les sourcils. « Ca va, ma puce ? » Elle leva son regard vers Noam, assis à la table, en train de lire le dossier d’un patient. « Oui, oui. » Elle tira le plaid qui lui couvrait les jambes sur elle. Noam se leva et s’installa sur le canapé à côté d’elle. « Je vois bien qu’il y a quelque chose. Que t’as dit ma sœur ? » C’était avec Candy qu’elle était au téléphone. Elles se parlaient régulièrement, même si Alexis lui cachait une énorme chose. « Ma mère a eu un rendez-vous galant. » « C’est bien pour elle, non ? » Lexie eut un pauvre sourire en hochant la tête. « Elle est sortie avec ton père. » Seuls sans leur famille, la jeune femme en avait presque oublier que Noam était le fils de l’homme qu’elle trouvait parfait pour sa mère. Le frère de celle qu’elle considérait comme une sœur. « Et tu t’inquiètes pour nous, c’est ça ? » « Tu nous vois leur gâcher leur bonheur ? » Noam l’attira dans ses bras. « On leur gâchera rien du tout. Nos deux histoires peuvent très bien fonctionner. Toutes les deux. » Alexis se laissa aller contre lui, même si elle n’y croyait pas du tout. Elle connaissait sa mère. Elle savait que jusque là, elle n’avait jamais refait sa vie pour sa fille. Et si jamais Lexie lui annonçait qu’elle aimait le fils de l’homme qu’elle aimait, elle connaissait déjà sa réaction. Elle arrêterait aussitôt de voir le père de Rozenn.

« Encore félicitations ! Vous êtes magnifique ! » Alexis serra sa mère et -maintenant- son beau-père dans ses bras. Ils avaient enfin fait le grand saut et avaient décidés de se marier. Lexie avait même eut l’honneur d’être demoiselle d’honneur, avec Rozenn. Le plus dur était peut-être de voir Noam dans le rôle du garçon d’honneur. Et de sentir son regard sur elle. Le matin, quand elle était descendue dans sa robe claire, il l’avait alors complimentée. Elle s’était attendue à ce qu’il lui en veuille de s’être enfuie comme ça, mais au contraire, il se montre doux et gentil. Ce qui a encore plus le don de la déstabiliser. Elle n’arrive pas à comprendre ce qui se passe dans sa tête. Acceptait-il qu’il ne soit que frère et sœur ? Elle l’espérait, parce que quand elle voyait le sourire radieux de sa mère, elle ne voulait pas du tout être celle qui le ferait disparaitre. Elle lâcha finalement les parents, qui allèrent alors sur la piste de danse. Elle les regarda un moment. Heureuse de les voir ainsi, tellement amoureux. Après tout ce que sa mère avait subit, elle avait enfin droit au bonheur. « Tu danses avec moi ? » Noam était là à côté d’elle, la main tendue. « Je crois pas que .. » « Il y a quoi de mal à ce que je danse avec ma nouvelle sœur ? » Avec un argument comme ça, comment dire non ? Elle prend alors sa main et le suit sur la piste de danse. Mauvaise idée, à peine sent-elle ses bras autour d’elle, que son cœur se met dangereusement à accéléré. « Tu es vraiment sublime. » murmure-t-il à son oreille. Elle n’arrive même pas à prononcer un mot, complètement submergée. « Tu m’as manqué. » Elle ose alors lever les yeux vers lui, pour sentir alors un raz de marée d’émotions. Son regard est si tendre, si … amoureux. Elle se leurrait en croyant l’avoir oublié. Et maintenant, elle ne se sent capable que d’une chose, fuir. Ce qu’elle ne tarda pas à faire. Elle le laissa, là, au milieu de la piste de danse.

Ses escarpins en main, Alexis entre dans la maison familiale. Après la réception de mariage, elle avait déposée les parents dans une suite dans un hôtel luxueux. Rozenn et elle leur avaient préparé cette surprise. Qu’ils puissent prolonger le rêve. Elle entre alors doucement, en évitant de faire du bruit pour ne réveiller personne. Elle est alors surprise de voir que quelqu’un l’attends devant la porte de sa chambre. « Noam ?! Qu’est-ce que tu fais là ? » chuchote-t-elle. Elle jette un regard à la porte face à celle de sa chambre, de l’autre côté Rozenn devait dormir. « Je t’attendais. » Elle secoua la tête. Elle n’aurait pas du danser avec lui. C’était comme ça qu’elle s’était retrouvé dans une situation pareille. Elle ouvre alors la porte de sa chambre et tire Noam à l’intérieur. « Pourquoi tu fais ça ? » reprend-t-elle après avoir refermé la porte. Il s’approche d’elle et pose ses mains sur ses bras. « Je peux pas t’oublier, c’est juste totalement impossible. » Elle s’écarte de lui, repoussant ses mains. « T’as pas le droit de me dire ça. Nos parents se sont mariés il y a quelques heures. » Il lâche un profond soupir. « Regardes-moi dans les yeux et dis-moi que tu ne m’aimes pas. Et j’arrêterais tout ça. Je ferais tout pour t’oublier. » Elle lève alors les yeux vers lui, prête à dire le plus gros mensonge de sa vie. Pourtant, elle n’y arrive pas. Presque deux ans après l’avoir quitté, elle l’aimait toujours autant. Finalement, elle se hisse sur la pointe des pieds, passe ses bras autour de son cou et l’embrasse alors.

Elle était faible. Beaucoup trop faible. Assise sur le bord de son lit, Alexis se maudissait, encore et encore. Face à lui, elle était incapable de résister. Il était sa faiblesse. Et là encore, elle en avait la preuve. Alors qu’il était endormi à côté d’elle. La nuit de noces de leurs parents, il fallait qu’elle retombe dans ses bras. Et maintenant, elle ne savait même plus quoi faire. Qu’allait-elle lui dire quand il allait se réveiller ? Elle n’en eut pas le temps. Il bougea à côté d’elle se réveillant doucement, et quelques minutes plus tard, il est dans son dos et dépose un baiser sur son épaule. « Tu n’as pas beaucoup dormi dis donc. » Elle secoue doucement la tête, n’osant pas se tourner vers lui. Croiser son regard, elle le sait, c’est risque de craquer et de se glisser dans ses bras. « Me dis pas que tu continues encore à te prendre la tête ? » Elle lâche un soupir. « Comment veux-tu que je fasse autrement ? » C’est son tour à lui de souffler. « Reviens à San Francisco. On reprendras notre vie. » Elle se figea un instant. Cela aurait pu être une solution, mais pour combien de temps ? Ils vivraient comment ? Dans le secret ? Ou tout balancer et prendre le risque de voir la famille qu’elle avait toujours voulu partir en éclat. « Non, je ne partirais pas. » Ce fut son tour de se raidir. « Alors je reviens ici. » Elle se tourna finalement vers lui, une mine choquée sur le visage. « Tu détestes la vie à la base plus que moi. » « Je vivrais pas à la base, mais en ville. Du moment que je suis avec toi, je m’en moque d’où je vis. » Elle se lève alors d’un bond du lit. « Non ! C’est hors de question que tu gâches ta vie pour moi. Tu as des projets et pas ici. » Il se lève alors aussi. « Lexie… » « Non, Noam, il faut qu’on se fasse une raison. Nous deux, c’est impossible. »