Je suis née le13 avril 1985 à Mobile, dans l'état d'Alabama. Je n'étais pas un enfant voulu. Mes parents n'avaient pas l'argent de se procurer de pilule ou autre moyen contraceptif. Après plusieurs mois, ma mère tomba enceinte. Mon père décida de l'épouser, c'est ce que tous les jeunes couples faisaient lorsque la jeune fille tombait enceinte. Mon père n'était pas un gros travailleur mais était tout de même un avocat, quant à ma mère, elle venait de finir ses études et se donnait deux années sabbatiques pour pouvoir m'élever. Le 13 avril, mes parents étaient à la clinique de notre ville. Pour mes parents ce fut le jour le plus heureux de leur vie. Mon père m'avait construit une chambre, rien que pour moi, tout allait bien dans le meilleur des mondes. 4 ans après ma naissance, Amy vit le jour, cette fois ci, ma petite sœur était voulu. Et à nous 4, nous formions une parfaite union, le rêve américain, une belle famille ! Mais très vite le rêve tourna au cauchemar !

Mon père perdit son emploi. Je devais avoir 10 ans quand cela arriva. Ma mère étant femme au foyer pour nous élever Amy et moi, nous n'avions plus d'argent, mes parents croulaient sous les dettes. J'étais petite mais je voyais bien que plus rien n'allait. Heureusement ma petite sœur ne se doutait de rien. Mais lorsqu'une dispute éclatait entre mes deux parents, je m'en mêlais je détestais que mon père batte ma mère, mais très vite, il a commencé à lever la main sur ma sœur également. Il ne passait plus que ses soirées devant le canapé avec du vin ou de la bière. Très vite, le bar remplaça son domicile conjugal. J'avais peur de la tournure que prenaient les choses.

Un jour, je n'avais que douze ans, mon père était parti très enervé et déjà bien imbibé d'alcool après une violente dispute avec ma mère. Cette dernière s'empressa de faire nos valises à Amy et moi, puis s'occupa de la sienne et les mis dans la voiture. Je n'avais pas compris la raison, mais à l'heure d'aujourd'hui, je pense qu'elle a pris la meilleure des décisions.

Mon père rentra plus tôt ce jour là, ma mère nous cacha derrière le comptoir de la cuisine, en nous mettant sa main sur nos bouches pour que l'on soit des plus discrètes. Amy avait peur, je me rappelle encore de la tête qu'elle faisait. Mais ce n'était rien comparé au visage effrayé de notre mère. Rien qu'en y pensant j'en ai des frissons. Je n'avais pas peur, je savais ce qui allait se passer, un bain de sang, ou du moins beaucoup de casse, j'anticipais toujours les choses, même si j'étais encore jeune, j'en avais déjà beaucoup trop vu dans ma vie pour avoir peur. Amy haletait de peur, je lui tenais la main même si nous étions séparées car notre mère était entre nous deux. Puis soudain mon père surgit du côté d'Amy la prenant et lui donnant une énorme gifle qui la cloua au sol. Il me prit et me poussa contre le réfrigérateur. Je ne perdis pas connaissance, mais j'avais mal au dos, il s'en prit à ma mère qui se débattait, je prie une casserole suspendue, et je finis par donner un gros coup sur la tête de mon géniteur. Je regrettais ce geste mais s'il continuait il aurait fini par nous tuer toutes les trois. Il tomba, sonné du premier coup. Ma mère nous prit par la main, ma petite sœur et moi et nous enferma dans la voiture. Elle roula à toute vitesse. Nous étions enfin parties, ma mère avait réussi à dire stop à cette souffrance, à cette violence, elle avait eu ce courage ! Je lui enviais ce courage et ce désir de s'en sortir.

On s'installa à Huntsville. J'étais au collège de la ville. Contrairement à ma petite sœur qui aimait la vie et qui souriait pour rien, j'étais quelqu'un de renfermé. J'étais froide avec les gens, et ils ne m'approchaient d'ailleurs pas du tout.. Je m'en fichais royalement de ne pas avoir autant d'amis qu'Amy. Tant que j'avais ma petite sœur et ma mère à mes côtés, je pouvais affronter toutes les épreuves mais à la maison ce n'était pas du tout la joie. Ma sœur hurlait la nuit, je venais souvent dormir avec elle pour la calmer. J'avais treize ans et pourtant dans ma tête j'étais tellement mûre un vrai bout de femme. Quant à ma mère elle était devenue dépressive. Elle pleurait souvent et cela me fendait le cœur, j'essayais de l'amener dehors, lui faire prendre l'air, lui changer les idées, on allait au zoo, à la fête foraine, à la plage, faire les magasins tout ce qui pouvait lui changer les idées à elle et surtout à nous ! Nous étions hors de danger, car ma mère avait engagé des poursuites en justice contre mon père, et elle gagna le procès. Mon père fut condamner à 8 mois de prison ferme et à sa sortie, il avait interdiction de nous approcher à moins d'un kilomètre. Cela me rassura, mais plus les journées passèrent plus je me rendais compte que la situation dans laquelle nous vivions ne ressemblait en rien à ce que vivaient les gens de mon âge. J'avais peur, peur de l'arrivée de mon père après sa sortie de prison. Peur qu'il vienne nous battre à nouveau. Je sais que ce n'était pas lui mais l'alcool qui le faisait devenir fou. Ma mère n'était plus elle même. Elle mangeait presque pas, nous préparait des repas qu'elle laissait brûler dans la casserole, pensant à autre chose, une fois j'ai même du éteindre le four car le déclencheur de fumée s'était déclenché. J'en avais assez de cette vie. Je ne pouvais rien faire du haut de mes treize ans.

Ce jour là, j'étais rentrée plus tôt du collège car mon professeur de littérature, Monsieur Mcguire était absent, ma mère avait laissé un mot comme quoi elle était allée faire les courses et ma sœur n'était pas à la maison, c'est donc tout naturellement que je m'étais procurée un économe dans un des tiroirs de la cuisine. Je montais alors sautant plusieurs marches jusqu'à la salle de bains. Je voulais mettre fin à mes jours. La mort ne me faisait pas peur, et je voulais à tout prix éviter d'être témoin du jour où mon père mettrait la main sur nous. Je m'assis sur le rebord de la baignoire, et retroussa ma manche pour laisser parraître mon poignet. Après avoir raclé ma peau avec l'économe pour m'ouvrir les veines, je criais de douleurs, mais personne ne m'entendrait alors je continuais jusqu'à ce que le sang se mette à couler, je souriais et me laisser tomber au sol. Je sentais mon sang coulait, et au fur et à mesure je sombrais dans un sommeil. J'étais bien, plus que bien même. Personne ne pouvait m'enlever ce moment. Cette douleur, je l'avais voulu, je l'avais contrôlé, rien à voir avec la violence que m'avait faite mon père. J'allais partir, être délivrée de cette angoisse, de cette peur qui me hantait jour après jour qui m'avait enlevé ma bonne humeur, mes envies, mes goûts...

Mais quelques minutes après l'acte, ma sœur était rentrée. Je n'avais pas prévu qu'elle pouvait me découvrir, inconsciente. Elle vint à mon secours en un rien de temps. Me sauvant... de la mort que je souhaitais. Je lui en ai toujours voulu de m'avoir sauvé. Certes, j'aurais fais de même à sa place, je n'aurais jamais laissé ma sœur mourir même si tel était son désir. Mais à cause d'elle j'ai été témoin de quelque chose qui me choqua à vie.

Les années passèrent et je ne voulais pas de cette vie, alors j'infligeais tout un tas de choses à mon corps, mutilation, piercing clandestin, tatouage, et au fur et à mesure des années, je sortais en douce, le soir, ma mère étant devenue inoffensive, j'avais beau la bousculer dans son quotidien, lui crier dessus rien n'y changer, un vrai légume. Je côtoyais des personnes pas forcément fréquentables, je sortais à des fêtes où l'alcool coulait à flot, c'est même à ce genre de fêtes que j'ai perdu ma virginité. J'étais allée voir un centre de planning familial pour qu'ils me prescrivent la pilule afin de ne pas tomber enceinte. Un soir, alors que j'étais à une fête comme pratiquement tous les soirs de la semaines, il se passa la pire catastrophe au monde pour un enfant, la mort de ses parents.

Mon père était revenu, revenu pour se venger d'avoir été en prison et privé de ses filles. Nous n'étions pas à la maison Amy et moi, une chance ? Je ne sais pas, en attendant ma mère ouvrit la porte en pensant que c'était sans doute l'une de ses filles, mais malheureusement elle décrouvrit un alcoolique, qui autrefois fut son mari. Il se vengea en pointant une arme à bout portant, et la tua de deux balles dans la poitrine avant de se donner la mort également.

Les policiers vinrent me chercher à la fête. Je ne comprenais pas pourquoi et ma sœur se trouvait déjà dans la voiture de police en pleurs, elle se blottit contre moi criant « maman est morte » ! Et je compris rapidement le problème.. Je n'avais pas pleuré, car j'étais forte, et que mon âme était vide certainement mais la mort de ma mère fut un déclic. Il fallait que ce genre de choses cessent.. Je voulais mourir à nouveau, rejoindre ma mère. Mais,, Amy serait seule à affronter la vie, et elle qui m'avait toujours tendu la perche pour m'aider, était là plus que jamais. Je m'étais donc résignée à prendre sa main, à être aidée. Ma sœur était la seule personne qui me restait, mon sang. La personne a qui je tenais le plus au monde était partie rejoindre les cieux, les anges.. Et je devais m'y résoudre. J'avais décidé d'entrer dans l'armée après avoir vu une publicité à la maison. J'avais décidé d'élever seule ma sœur, de dire au juge que j'avais un travail et que j'étais assez mature. Je ne voulais pas que nous soyons trimbalées de famille d'accueil en famille d'accueil, surtout ma sœur, car par chance j'étais déjà majeure. Finalement ma sœur fut la plus mature de nous deux, elle avait trouvé des petits boulots pour payer nos dettes, et moi je continuais à faire la fête et à travailler à l'armée en tant que soldat, certes Amy s'y était fortement opposée mais c'était ma vie, je voulais la perdre mais ma sœur me sauva. A présent, il fallait qu'elle me laisse faire ce que je souhaites.

J'ai gravi les échelons rapidement, très endurante et sportive, j'ai su me démarquer même par rapport à la gente masculine qui à la base se foutait bien de moi.
A l'âge de 23 ans, je fis envoyée en mission avec tout le peloton dont je faisais partie. Nous étions allés au Tchad. J'étais apeurée car nous n'étions que deux femmes pour 36 hommes. Mais je m'en fichais j'étais décidée à combattre pour mon pays et à faire régner la loi et le calme dans ce pays meurtri. Après 32 jours sur place, on nous avait donné une permission de 5 jours. Ce que je ne vous ai pas dis c'est qu'en 5 ans, j'ai appris à connaître Mike. Il était soldat comme moi, il avait 20 ans à l'époque. Nous nous sommes tout de suite entendu, et pour une raison inconnue je suis tombée amoureuse de lui, ce fut le coup de foudre. Et lors de cette permission, nous sommes aller à Las Vegas et nous nous sommes mariés, nous jurant de fonder une famille à notre retour de mission. J'avais repris le goût de vivre, même si nous étions sans cesse dans les coups de feu, la mort, le sang. Trois jours après être retournés sur le front, Mike et moi avons été victime d'un piège. Nous avons été pris en otage. 20 jours ont duré, ils voulaient connaître des informations concernant l'armée américaine, la vérité sur nous etc.. Mais aucun de nous deux ne voulait divulgué quelque information que ce soit. 20 jours durant, nous avons été torturé, on nous a donné qu'une faible quantité d'eau et de nourriture, je subissais moins de violences physiques que Mike qui souffrait davantage, les hommes préféraient abuser de moi, me violant plusieurs fois, je ne sais pas comment j'ai fais pour tenir. Mais au bout de ces satanés 20 jours, l'armée américaine a pris d'assaut l'endroit où nous étions mais pour Mike il était déjà trop tard, il n'était plus des notres. Ses blessures avaient eu raison de lui. Quant à moi je suis tout de suite rentrer à Huntsville. Voilà maintenant 4 ans que je vis avec ce secret. Ma sœur croit que tout va bien, et n'a jamais été au courant pour Mike, le mariage, la prise d'otage, ni les viols, mais je sens que ces secrets me pèsent trop, et qu'un jour il faudra que je lui en parle car je lui fais absolument confiance.

J'ai bien évolué puisque je suis aujourd'hui major et je dirige un peloton. Je ne suis plus retournée sur le front, je suis sous un choc psychologique depuis plusieurs années. J'ai peur que les hommes s'approchent trop de moi. Depuis Mike, je ne suis jamais retombée amoureuse et je n'ai pas non plus offert mon corps depuis les nombreux viols que j'ai subi. Par chance, je n'ai contracté aucunes MST et je ne suis pas tombée enceinte.

Aujourd'hui, je me reconstruis doucement et je suis toujours là pour ma sœur lorsqu'elle a besoin de moi. Je ne me confis pas à elle mais je suis là si elle a besoin. Quant à moi mon sourire a disparu à mes 12 ans. Je suis meurtie, choquée.. Peut être qu'un jour parler de ce qui s'est passé me ferait du bien. Il faudrait que je rassemble tout mon courage pour en parler à ma petite sœur mais quand ?